- 21 nov. 2012, 18:44
#1240316
ou quand le jeu devient aliénation...
quand le mari n'existe plus qu'en spectateur d'une dévotion pour l'autre,
quand le mari perd tout, jusqu'au principe même de ce qui aurait dut être l'amour qui l'unissait à son épouse puisqu'elle revendique sa naissance comme fruit de sa rencontre avec l'amant...
quand tout ce qui faisait le couple est nié puisque tout ce qu'il y a eu avant n'est rien en comparaison du présent,
quand l'autre devient tout, il n'y a plus de place pour personne, parce que la passion n'aime pas la dilution et hait le partage,
quand un jeu sexuel n'en est plus un, parce qu'il échappe à ceux qui l'ont initié.
D’aucuns trouvent ça magnifique. Sans doute, si l'on oublie que le principe d'origine est fondé sur un couple qui s'est autorisé quelques libertés en empruntant des chemins de traverse pour ne retenir qu'une déclaration d'amour vibrante. Si l'on oublie que tout n'est qu'une vaste escroquerie, d'une manipulation fondée sur un émoi sentimental dont l'intensité semble ne jamais avoir connu de précédent chez la "victime".
Demandons à Sandy qui est l'amour de sa vie. Sa réponse sera sans appel. Demandons-lui si elle a déjà connu une telle force dans ses sentiments... La réponse aura le même objet. C'est merveilleux ! Posons maintenant à l’usurpateur les mêmes questions, en l'absence de l'oreille attentive de sa victime, cela va de soi. Les réponses ne se liront guère en miroir pour le seul principe qu'il est impossible de se comporter comme il le fait s'il nourrissait pour sa proie une passion équivalente à celle dont il est l'objet. Un homme qui rencontre l'amour de sa vie ne s'autoriserait jamais de telles libertés (surtout en début de relation). Il ne supporterait pas même l'idée du partage et exigerait cette femme pour lui seul. L'idée même qu'elle ait eu un mari avant lui, même s'il s'agissait (ce qui est le cas, à l'évidence) d'une erreur de casting, d'une méprise sur le sentiment amoureux (puisqu'elle semble le découvrir pour la première fois), lui serait douloureux. Qui ignore que rien de tel n'existe ? Ces sentiments sont l'apanage exclusif de Patrick pour Sandy qui donnerait plus que sa vie pour sa femme. Dans l'histoire, il y en a deux qui engagent leurs sentiments sans économie, mais hélas pas dans la réciprocité : Patrick pour Sandy et Sandy pour Bob. Tout n’est qu’unilatéralité, imposture. Comme dans une partie de poker truquée. Il y a les joueurs, sincères et honnêtes, et le tricheur. Qui gagne ?
Mesdames, Messieurs, faites vos jeux ! D'ici peu il y aura deux personnes sur la paille qui ne seront pas à la vieille de se reconstruire, et un gagnant, un seul. Naïve, Sandy ? Tristement, oui. Et même au-delà. Coupable, Patrick ? Probablement impuissant (pas au sens sexuel !), parce que l’amour ne se décrète pas, ne se décide pas, il se révèle. Si sa femme a eu un jour des sentiments pour lui, ils n’ont jamais été de nature amoureuse, force est de le constater. Il y eu erreur d’interprétation. Mais, vouloir raisonner une personne amoureuse pour la détourner de l’objet de ses sentiments c’est comme vouloir empêcher la pluie de mouiller. Patrick n’y peut rien, il peut se dévouer corps et âme (ce qu’il fait d’ailleurs). Pour celles et ceux qui sont des disciples du polyamour, je demande à Sandy de m’être témoin. Qu’elle m’explique à quel point elle est amoureuse de son mari et de son amant. À quel point ses sentiments sont équilibrés entre les deux, même s’ils n’ont pas la même nature. Qui choisirait-elle demain, si une telle situation s’imposait ? Qui bénéficie d’une telle déclaration d’amour ? Son mari, auquel elle doit de pourvoir vivre sa liaison sans restriction ? Ou son amant décrit comme un dieu incarné et qui se contente de profiter d’une situation plus que confortable débarrassé des contraintes du quotidien ? Vers lequel vont les gestes de tendresse - pour peu qu’ils soient autorisés dans ce type de relation, bien entendu – lorsqu’ils sont réunis : Patrick ? Bob ? (et même quand Bob n’est pas là).
J’admire ceux qui voient dans ce témoignage « émouvant » une situation enviable. L’anticipation étant une maladie dont je ne parviens pas à me guérir me porte à ne voir que les larmes et la désolation à venir, demain, dans quelques semaines ou quelques mois… ma boule de cristal n’aime pas les précisions chronométrées.
Sandy, le mur que vous vous préparez à percuter ne vous laissera pas indemne et pire fera au moins une victime collatérale. Je vous sais parfaitement inaccessible à cette perception extérieure de votre témoignage, il me reste donc à vous souhaiter bonne chance. Il n’y a pas plus esclave que celui qui veut l’être. « Victime des autres, esclave de soi » selon l’apophtegme.