Et si elle m'échappait...
Pour l'amant, jamais la question ne se pose. De passage, il vit une parenthèse dans sa vie. Comme un bon ou un mauvais film, il passera un moment plus ou moins réussi. La position du mari est toute différente. En observant ceci, c'est à mon propre comportement que je pense alors que l'impensable se prépare pour notre couple. Ma femme va, dans un mois, rencontrer un homme. Vais-je savoir rester digne et me comporter avec intelligence ? J'avoue en douter.
Il y a environ 3 ans, je me découvrais un fantasme candauliste dramatiquement obsédant. J'ouvrais simultanément les yeux sur une sexualité routinière et peu exaltante (20 ans... ça tue !!), dont ma femme ne se plaignait pas considérant cette évolution comme inéluctable et encore satisfaisante en regard des statistiques. Crise de la quarantaine, bouleversements multiples, nous nous redécouvrions simultanément. C'était troublant et génial, par certains aspects. Je m'ouvrais de ce fantasme à ma femme qui de son côté a tjrs été candauliste, m'imaginant flirter dans le cadre de mon métier. Jalouse cependant à la limite de la névrose, cela demeurait confiné à la sphère intime et mes assistantes toutes recrutées à la sorties des hôpitaux, services de traumatologie faciale sévère

, ou des centres pour traiter l’obésité morbide. Je suis pour la paix des ménages, j'ai appris à composer même si je me suis fait piéger quelques fois pour comportement ambiguë selon sa grille de lecture (à savoir qu'il n'y avait rien pour moi !!). Quelques situations ont d'ailleurs été passablement cocasses, moins les conséquences conjugales, en rien plaisantes. Elle m'affirme aujourd'hui qu'elle est dans des dispositions bien différente... et pour cause...
Donc elle jouait le jeu de mon fantasme sans imaginer une seconde franchir un jour le pas, plaçant la fidélité dans le couple comme la valeur cardinale inviolable. J'insistais et voulait lui faire admettre qu'elle méritait "mieux" sexuellement : je suis physiquement bien entretenu et "dessiné", mais dans la moyenne nationale en tout point taille/mensuration... Ses références masculines évoluant avec l'âge, elle désirait un peu plus d'animalité sans penser à réaliser quoique ce soit. Elle accepta une paire de fois de rejoindre un sauna libertin, ce qui l'amusait, mais il se passa rien. Elle ne l'envisageait pas.
Nous nous amusions sur les sites dédiés également sans nous y impliquer particulièrement. (ça a changé…).
De la détermination entêtante à vivre une expérience candauliste, ne me restait finalement qu'un fantasme certes envahissant et abusivement utilisé lors de nos étreintes, mais dont le passage à l'acte m'obsédait beaucoup moins alors qu'elle m'encouragerait plutôt à le vivre, de mon côté et éventuellement avec sa participation ! Je demeure très sceptique quant à sa tolérance à ce niveau. J'ai été conditionné pendant trop longtemps sans doute par sa jalousie maladive pour croire à un tel revirement. J'ai dû m'autocensurer avec trop d'énergie pour m'autoriser même l'idée d'étreindre une autre femme qu'elle (j'en ai pourtant peu connu avant elle : 2 exactement et très superficiellement avant de la rencontrer

, d'où une expérience sexuelle cumulée dérisoire !!).
Cependant, l'idée faisait son chemin et l'âge avançant (44 cette année), elle a commencé à se dire qu'elle risquait de se priver de vivre certaines émotions qui menaçaient de ne plus être vécue après une certaine limite... (Montaigne écrivait qu'après une certaine limite d'âge, une femme devait accepter de ne plus prendre part aux choses du sexe...je n'ai pas la citation exacte en tête - autre débat -). J’ajoute qu’elle obtient difficilement ses orgasmes étant incapable de l’obtnir toute seule sans accessoire, juste en se caressant. Donc, les toys sont très tôt rentrés dans notre vie sexuelle et pas de pile… pas d’orgasme (elle ne jouit pas par pénétration ni par cuni, tout endurant que je sois, et je le suis) ! Puis, à la faveur d'un jeu de société en ligne (foutu ipad !!

) elle l'a rencontré... certes virtuellement, mais le contact a été sulfureux et très intense. J'étais en déplacement à ce moment-là. Lorsque je suis revenu, elle était incandescente de frustration sexuelle accumulée. J'ai profité largement de cette situation. Elle a voulu se raisonner et reprendre le contrôle mais le désir était né et manifestement déterminé à s'imposer à elle en dépit de sa volonté. Mais surtout, elle a décidé qu'elle avait quelque chose à vivre et qu'elle irait jusqu'au bout...
Dans un mois, elle sera en face de lui. Comment vais-je le gérer ?
Quand il ne s'agissait que de virtuel, je n'y voyais qu'un activateur de sa libido qui se détournait égoïstement sur moi... Mais là, les choses vont changer. J'ai accepté (et financé !) qu'elle organise les 3 jours nécessaires à son projet. Mais une forme de panique m'envahit insidieusement. Elle n'a jamais été aussi déterminée et serait prête à sacrifier beaucoup pour vivre cette histoire (elle n'envisage qu'un "one shot" cependant) et ne supporte pas que j’émette des réserves, arguant qu'elle s'est déjà beaucoup sacrifier elle-même et qu'il était temps qu'elle pense un peu à elle. Elle s'énerver que je lui fasse supporter une forme de pression du genre "si je souffre, on arrête" puisque le corollaire c'est sa frustration à elle et qu'elle devrait alors renoncer à son plaisir pour satisfaire à mon confort. Elle me prévient qu'elle préfère que je ne sois pas présent pour qu'elle puisse vivre son expérience à fond... m'invitant presque à ne pas l'accompagner pour ces trois jours si je ne le souhaite pas et qu'elle ne me racontera rien si tel est mon choix. Bref, elle s'émancipe !!
Certes sa libido est très active et je ne vais pas m'en plaindre !! Mais après ?? Si elle découvre ce qu'elle ignorait, quid de son désir dans son couple après... Elle me dit que si nécessaire pour sa sexualité, elle rencontrerait régulièrement des hommes pour ses besoins... ce qui signifierait qu'elle ne serait plu disponible pour son mari que par complaisance et je sais que ne le supporterais pas !! Je sais ne pas avoir le droit de lui interdire ce plaisir, mais les choses ne sont pas si simples. Je connais les limites de notre sexualité pour elle, je sais ce que je risque de perdre et je sais à quel point cette démarche intellectuelle est cruellement égoïste de ma part. Elle soutient que son désir est distinct de son amour, je n'adhère pas le moins du monde à ce point de vu considérant que le lien physique renforce considérablement les sentiments. Je suis très heureux de l’intensité de notre coupe aujourd’hui, qu'en sera-t-il demain ?
Elle m'oppose que pour mon plaisir, parce que la situation me convient A MOI, elle devrait renoncer à son plaisir. La militante de la fidélité a bien changé... Comme disait l'autre "un égoïste, c'est quelqu'un qui ne pense pas à moi". A égoïste égoïste et demi !! Elle-même me renvoie que si Moi je suis pleinement comblé, elle ne l’est pas. Elle voudrait à nouveau sentir le désir impatient, le frisson de la nouveauté. Aspiration d’adolescente ? Incontestablement, mais à l’aube du basculement vers la deuxième partie de notre vie, comment ne pas comprendre ?
Comment donc vais-e réagir en face de ce garçon ? Je ne suis pas forcément commode, habitué à contrôler mon environnement sur lequel j'exerce sans doute une forme de tyrannie involontaire, mon épouse comprise, victime d'un obscur dictateur de sa vie d'infortune, lui ai-je dit un jour. Vais-je savoir respecter leur expérience, ne pas vouloir prendre l'ascendant sur l'amant, être désobligeant, pourquoi pas cynique et humiliant ? Quel mari vais-je être ? Comment réagir avec tact lorsqu’on sent que sa femme vous échappe aussi bien physiquement qu’émotionnellement.
Elle se prépare avec assiduité pour cette rencontre comme elle l'a rarement fait pour moi (je suis un peu de mauvaise foi là, je le reconnais, mais surtout jaloux, tout simplement, on en parlait il y a peu...). Elle a voulu se prêter à une séance de photos (deux séances en 20 ans et veut en faire une autre bientôt qu’elle a entièrement dirigé pour pouvoir les partager avec lui, elle a souhaité acquérir une paire d’escarpins à très hauts talons, imagine la tenue qu’elle portera pour l’accueillir sachant que nous (pardon, elle !!) le retrouvera dans un endroit que beaucoup connaissent ici qui autorise des fantaisies vestimentaires très audacieuses sur la Méditerranée ; alors que ce gendre de tenues n’est jamais utilisé que dans notre chambre (enfants obliges) histoire d’un court moment. Le drôle de l’histoire c’est que je suis allée dans cet endroit toute ma vie durant, y séjournant chaque année ou presque avec mes parents (depuis le début des années 70 !) alors qu’il n’y avait que deux rangées de villas et deux blocs d’appartement et que la première fois que je l’y ai emmené, elle avait réagi violemment, me regardant comme un pervers notoire. Ce n’était pas encore l’immense « lupanar » que c’est devenu, il est vrai. Là, elle a choisi un hébergement particulièrement libertaire… Je ne me suis occupé de rien, contrairement à l’habitude où c’est moi qui m’occupe de ces aspects (le choix se faisant à deux sur la destination), pour mesurer sa détermination. Je n’ai pas été déçu !
Je lui ai expliqué que si elle vivait une expérience bouleversante, le risque était qu’elle en revienne changée et qu’elle en souffre, son corps appelant à la réitérer. Pragmatique, elle n’y croit pas mais surtout affirme qu’elle en guérira de toute façon. J’oppose donc que je devrais alors absorber son mal-être, le temps de sa convalescence, ce qu’elle admet, mais sans plus.
Voilà où en est le pourfendeur des relations déséquilibrées que j’ai pu dénoncer comme dangereuses pour le couple à longueur de posts et qui ne sais absolument pas comment parvenir à éviter le déséquilibre qui se prépare dans le sien dans la tempête qu’il s’apprête à traverser. Serais-je le connard que les « amants » condamnent et les épouses méprisent ? Serais-je le « gentilhomme », admirable mais bafoué, quoiqu’on en pense. Serais-je bientôt le meilleur ami de mon épouse qu’elle acceptera de « vidanger » de temps en temps en attendant les tumultes orageux dans d’autres bras qui seuls la feront revivre ? Qui sera-t-elle demain ? Qui serais-je le jour d’après ?
Les jeux du sexe ne sont pas anodins, il n’engagent pas que les corps mais les êtres tout entiers (en dehors des prestations tarifées de subsistance s’entend).
Pardon pour la longueur….