- 06 juin 2012, 20:47
#1116672
Julie avait réussie à franchir le premier cap après sept ans de vie commune. L’été dernier, encouragée par mes soins, elle avait passé une nuit entière avec un homme. Un homme qu’elle avait connu pendant un colloque, qui l’attirait mais surtout un homme qu’elle n’avait aucune chance de revoir étant donné qu’il vivait à l’autre bout du monde. Bien qu’elle ait appréciée cette nuit, et les semaines qui ont suivies entre nous, elle me disait ne pas se sentir capable de tenter un trio. Sans me l’avouer, je sentais bien que ma présence la bloquait.
Nous avons laissé passer les mois et j’ai patiemment attendu le printemps. J’avais décidé d’amener Julie par le jeu à faire sauter ce verrou. J’ai profité d’un week-end que je devais passer dans une ville du sud de la France pour l’inviter à m’accompagner. Le vendredi, je bouclais rapidement tous mes rendez-vous professionnels. Le soir, je l’invitais à diner. Je lui avais dit que le restau se la jouait « bon chic bon genre » et qu’il serait bien vu qu’elle vienne dans une tenue classe et sexy. Et oui, si les robes et les talons lui vont à merveille, elle n’apprécie pas forcément de s’habiller ainsi lorsqu’on est en tête à tête, préférant des tenues plus décontractées.
Ce soir-là elle était tout simplement ravissante. Une petite robe noire, moulante et légère, et ses louboutin fétiches pour accentuer la longueur et la finesse de ses jambes magnifiques. En marchant à ses côtés je ne pouvais m’empêcher de remarquer avec amusement les regards de tous les hommes que nous croisions.
Entre temps, sans rien lui dire, j’avais planifié pratiquement toute la soirée. J’avais réservé une table dans une boîte de nuit très branchée de la ville et j’avais acheté un téléphone portable avec une carte.
Durant le diner, arrosé comme il se doit, je fis quelques allusions à nos jeux et je passais mon temps à essayer de la séduire… comme si on se voyait pour la première fois. Au moment de quitter le restaurant, Julie fit mine de se diriger vers l’hôtel. Je l’invitais à ce moment à aller boire un verre dans une boite du coin. Il faisait beau, on n’avait rien à faire le lendemain alors autant profiter. Julie adore danser alors que mon corps refuse catégoriquement toute activité de ce type. Lorsque nous sortons en boite, nous sommes toujours accompagnés de ses amies. Mais ce soir elle était coincée. Pas d’amies ni même de connaissances dans cette ville, une soirée qui se passe bien, un temps agréable. Alors elle me suit.
Arrivés au club, assis à notre table avec la bouteille de champagne qui nous attendait, elle s’aperçoit que la soirée ne devait pas grand-chose au hasard.
- Tu as tout prévu toi ! Tu ne vas quand même pas me demander en mariage ?
- Aucune chance. En revanche, tu ne peux pas imaginer tout ce que j’ai prévu. Ce soir, on va jouer.
- Ah !!! Alors c’est donc ça !!! Je comprends enfin ton manège, me dit-elle en souriant.
Alors que la boite de nuit se remplissait au fur et à mesure, et que nous trinquions, je lui expliquai les règles du jeu. Mon jeu avait pour nom « libertés et contraintes ». J’expliquai à Julie qu’à partir du moment où je donnerai le top départ du jeu et jusqu’à la fin, elle s’appellerait Aude. Pour tout le monde, y compris pour moi. Elle serait une étudiante parisienne venue passer quelques jours avec un ami suite à une rupture amoureuse. J’étais bien entendu l’ami en question et pour l’occasion je me prénommais Julien.
L’énoncé des règles couplé aux petites bulles faisait pétiller le regard de Julie. Nous avions déjà discuté de la possibilité de jouer de la sorte. Mais toutes ces discussions étaient restées lettres mortes, jusqu’à la surprise de ce soir-là.
- Le jeu démarre quand tu le souhaites et au plus tard à minuit.
Il lui restait un peu plus de trente minutes pour prendre l’initiative.
- Le jeu se déroulera en plusieurs parties. La première partie se termine à une heure. Pendant cette étape, tu es totalement libre de faire ce que tu veux et surtout de ne pas faire ce que tu ne veux pas. Tu n’as qu’une seule contrainte: jouer ! Et un seul objectif : t’amuser !
- Je sens que la deuxième étape va moins me plaire…
- C’est possible. En deuxième partie, je deviens le maître absolu du jeu. La deuxième partie se déroule de une heure du matin à deux heures trente. Plus tu auras réussie à me rendre jaloux et à m’exciter durant la première partie, moins les contraintes que je te fixerai en deuxième partie seront difficiles.
- Et je fais comment pour t’exciter ?
- Eh bien tu trouves. Tu danses, tu dragues…
- Je ne sais pas draguer !
Il est vrai qu’avec son physique, Julie passe plus de temps à repousser toutes sortes d’avances qu’à courir après les hommes. Et ce depuis son adolescence.
- Alors tu te laisses draguer. Tu discutes. Tu flirtes. Enfin, tu as jusqu’à une heure pour être imaginative, créative, coquine et faire tout ce qui te plait.
Elle regarde la salle qui continue à se remplir, semble jauger les hommes présents, et me lance :
- Je pense pouvoir y arriver. Ca devrait être amusant. Et après deux heures trente ?
- Surprise.
- Ce n’est pas juste. Si on joue, j’ai au moins le droit de connaître les règles du jeu.
- Je n’ai jamais dit que c’était juste. C’est juste comme ça et c’est tout.
Avant que le jeu ne démarre, je lui fournis le petit téléphone avec carte que j’avais acheté. Aude existait pleinement. Elle avait un nouveau nom, une activité, un passé et un numéro de téléphone jetable. Le jeu pouvait démarrer.
Julie termina sa deuxième coupe d’une traite pour mieux prendre possession de son personnage, puis Aude se leva et se dirigea d’un pas nonchalant vers la piste de danse. Il lui restait un peu plus d’une heure et quart de liberté. Notre table était proche de la piste et surélevée par rapport à elle ce qui me permettait de voir tout ce qui s’y passait. J’avais également vue sur une grande partie de la terrasse extérieure de la boite de nuit où les gens pouvaient s’asseoir pour profiter du beau temps et discuter plus tranquillement qu’à l’intérieur. Enfin, j’avais vue sur le bar qui longeait la piste de danse. La discothèque était encore loin d’être bondé comme je savais qu’elle allait l’être dans quelques heures. Il y avait tout de même déjà quelques couples et un groupe d’amies sur la piste. Autour du bar, je repérai rapidement quatre hommes. Deux amis qui discutaient en jaugeant discrètement les danseuses et deux hommes seuls qui le faisaient ouvertement.
Aude étant l’unique femme à danser seule, elle fut instantanément repérée. Il fallut moins de cinq minutes et visiblement un verre de vodka à un des hommes pour prendre son courage à deux mains et aller essayer de danser près d’elle.
Aude poursuivait ses déhanchements au rythme de la musique sans lui prêter la moindre attention alors qu’il essayait de se rapprocher petit à petit. Le manège dura ainsi alors que d’autres couples et des groupes d’amis prenaient possession de la piste de danse.
Après une vingtaine de minutes, le premier homme se fit griller la politesse. Un deuxième homme quitta son groupe d’amis s’avançant droit sur Aude en dansant. Il s’approcha d’elle pour lui parler à l’oreille ce qui acheva de convaincre notre premier prétendant qui retourna au stand se servir un autre verre.
Je regardais Aude discuter tout en dansant avec l’inconnu. Plus petit que moi, piètre danseur, une tenue et des manières trop soignées, il n’avait absolument aucune chance avec Julie. Mais je ne savais pas de quoi Aude était capable pour me surprendre. Sans m’exciter la situation m’amusait un peu plus que la précédente.
Leur discussion n’était pas très soutenue. De temps en temps l’homme s’approchait pour lui dire quelque chose, attendait la réponse puis battait légèrement en retrait, probablement le temps de trouver la prochaine réplique. Ce n’était pas gagné pour lui. A un moment j’ai compris qu’il invitait Aude à rejoindre leur groupe d’amis. Aude lui fit un signe vers notre table et après quelques échanges, l’homme repartit d’où il était venu.
Il restait à Aude moins de trente minutes de liberté et rien de bien excitant ne s’était passé. Elle quitta la piste de danse et semblait se diriger vers notre table. En passant près du bar, un jeune homme que je n’avais pas repéré lui saisit le bras et se pencha vers son oreille pour lui dire quelque chose. Aude se tourna vers lui pour lui répondre. L’échange dura quelques secondes pendant lesquelles le jeune homme, il devait avoir un tout petit peu plus de vingt ans, ne lâcha pas son bras. Puis les deux allèrent s’installer au bar sur des tabourets. Le jeune homme lui présenta deux autres garçons, probablement des amis à lui. Il me tournait le dos et je ne pouvais distinguer les traits de son visage. Mais Aude était très souriante et leurs échanges beaucoup plus vifs qu’avec le précédent prétendant. Le jeune homme passa une commande et peu après ils trinquaient.
Leur discussion ne connaissait pas de temps morts. Aude lui fit signe vers notre table et avant qu’il ne se retourne, je me dépêchais de regarder ailleurs pour qu’il ne se sente pas épié. Du coin de l’œil, je les aperçus se lever et se diriger vers moi. Ca devenait enfin amusant.
- Julien je te présente Thomas.
Il n’avait pas plus de 23 ans. Grand, enfin, plus grand que moi, brun, allure sportive, avec une barbe de quelques jours et des yeux clairs. Ils prirent place sur les fauteuils en face de moi.
- Bah alors, qu’est ce que tu fais tout seul ?
- C’est comme ça que je préfère les soirées en boite de nuit. Une bouteille de champagne, de la musique et des gens qui dansent pour moi.
- Mais c’est nul. Allez. Viens t’amuser avec nous.
- Mais je m’amuse beaucoup là.
- Tu n’es pas sérieux. Tu ne peux pas laisser une fille comme Aude seule sur la piste.
- Aude est une grande fille tu sais ? Ca fait longtemps qu’elle n’a pas besoin d’être chaperonné.
- Ah ça je confirme, s’empressa de préciser Aude avec un sourire malicieux à mon attention.
Ils restèrent à table pour finir leurs verres. C’est ainsi que j’appris que Thomas était étudiant dans une école de commerce, qu’il vivait ici depuis quatre ans, qu’il adorait cette ville, qu’il adorait cette boite, qu’il adorait danser, bref je ne sais pas ce qu’il n’adorait pas.
Puis Thomas s’intéressa à Aude. A son histoire de cinq ans avec Arnaud qui venait de se terminer parce qu’elle « se sentait étouffer dans la routine ». A son envie de voyager, de rencontrer du monde, de s’amuser.
Finalement, en amenant Thomas à notre table et en le draguant ouvertement sous mes yeux avec des allusions à peine voilées sur ses intentions, j’ai dû admettre qu’Aude avait réussi à me rendre jaloux.
Je lui envoyais un petit sms sur le téléphone jetable que je lui avais fourni: « Bien joué ! ». Elle me fit un clin d’œil après l’avoir consulté tout en discutant avec Thomas de ses passions sportives.
J’en profitais pour lui envoyer un deuxième. « Il te plait ? ».
« Il est pas mal. Et toi ? T’es jaloux ? ».
« Pas assez. Ca manque de chaleur. Et comme il est une heure passée je te demande de l’Inviter à danser. Colles le. Chauffe le. »
Elle me répondit : « Je suppose que je n’ai pas le choix. »
« Non. Et tu as moins de quinze minutes pour qu’il essaye de t’embrasser. Si tu n’y arrives pas je vais te demander bien plus difficile. »
« Et quand il aura essayé ? Je fais quoi ? »
« A toi de voir. Allez joues. Et vérifie ton téléphone toutes les deux chansons.»
Aude rangea son téléphone dans le petit sac qui ne la quittait jamais, décroisa lentement ses jambes, puis se leva. Je surpris le regard de Thomas qui l’a déshabillait.
- Bon les garçons. Je retourne danser. Vous me suivez ?
Thomas se leva instantanément alors que je déclinais la proposition avec un sourire complice. A cette heure la piste était pratiquement bondée. Aude pris la main de Thomas et l’entraina dans son sillage au milieu de la foule. Thomas était bon danseur. Il suivait avec grâce le rythme et les ondulations imposées par Aude. Celle-ci n’eût pas grand-chose à faire. Rapidement, Thomas passa son bras autour de ses hanches et s’approcha d’elle. Aude dansait de manière extrêmement sensuelle. Elle pivota sur elle-même, tournant le dos à Thomas.
La situation devenait compliquée pour moi tant l’excitation montait en flèche. En fonction des mouvements des danseurs sur la piste, j’arrivais par moment à apercevoir les mains de Thomas se balader sur le ventre d’Aude. Celle-ci, totalement collée à lui, se laissait aller en ondulant des hanches. J’imaginais sans mal que Thomas devait être en train de bander depuis un moment. Et que Aude ne pouvait pas ne pas s’en rendre compte.
Thomas se pencha sur le coup de Aude. Je devinais qu’il lui disait quelque chose. Je la voyais nettement sourire. Puis Thomas sembla s’arrêter de parler. J’avais l’impression de le voir déposer des baisers dans le coup de Aude. Celle-ci, la tête penchée en arrière, continuait à danser. Une de ses mains avait saisie celle de Thomas qui était toujours sur son ventre. J’essayais de voir ce que faisaient les deux autres. Subitement, Aude s’extirpa de l’étreinte de Thomas et se retourna pour lui faire face. Il l’attira vers lui, passa sa main droite derrière sa nuque, et sans s’arrêter de danser s’approcha pour l’embrasser.
Aude lui rendit son baiser saisissant le visage de Thomas des deux mains. A présent ils étaient collés l’un à l’autre et dansaient en s’embrassant langoureusement. Là où je lui avais laissé quinze minutes, moins de cinq lui avaient amplement suffis.
Pendant un instant, mon cerveau me rappela que ce que j’étais en train de regarder c’était Julie, MA Julie, en train d’embrasser à pleine bouche un parfait inconnu au milieu d’une discothèque. Aussitôt, je faillis bondir sur mes jambes pour aller mettre un terme à cette intolérable scène.
Mais rapidement je fis les efforts nécessaires pour reprendre mes esprits. J’avais fixé les règles du jeu. Je n’avais aucun droit de l’interrompre. Surtout que pour le moment, il se déroulait à merveille. Au détail près que je n’avais à aucun moment prévu qu’elle jouerait le jeu à ce point-là. C’est réellement Aude qui était devant mes yeux tant Julie semblait habiter son personnage avec conviction.
Et Aude allait vite. Beaucoup plus vite que moi. Je m’étais imaginé qu’après quelques minutes, Julie abandonnerait la première partie du jeu pour venir à table me dire qu’elle s’ennuie. J’avais imaginé me servir de la partie contrainte pour l’obliger à danser ou discuter avec des hommes. Dans le plus excitant des scénarios j’avais imaginé qu’elle arriverait peut être à embrasser un inconnu avant la fin de la nuit.
Mais là, il n’était même pas deux heures, et Aude mélangeait sans retenue sa salive à celle d’un certain Thomas. Je devais faire fonctionner mon imagination. C’était l’occasion idéale de tester les limites d’Aude. La pousser vers de plus en plus d’audace. Essayer des choses qui en temps normal m’auraient semblées totalement impossibles.
Je lui envoyais donc un message : « Dis-lui de t’attendre. Tu dois aller aux toilettes. Ce sera plus simple pour communiquer. »
Le temps qu’elle pense à vérifier son téléphone il se passa encore une éternité de caresses et de pelles bien baveuses sous mes yeux. Puis Aude quitta Thomas pour se diriger vers les toilettes.
« Tu as décidé de me surprendre à ce que je vois. Il embrasse bien ? »
« Merveilleusement. Presque aussi bien que ce qu’il danse. »
« Il bandait ? »
« A ton avis ? Bien sûr que oui.»
« Elle est grosse ? »
« Je ne sais pas. Je ne l’ai pas touchée. »
« La nuit est encore longue. Mais tu l’as sentie comment ? »
« Très en forme. »
« Et t’as envie de la toucher ? »
« Je ne sais pas. On est dans la partie où Julien dit à Aude ce qu’elle doit faire. »
Alors que je rédigeai la prochaine réponse, un nouvel imprévu se produit. Thomas venait de débarquer à ma table, trois verres dans les mains.
- Je ne te comprends pas. Tu ne lâches pas ton téléphone.
- J’essaye de faire venir des amis mais ils résistent.
- Mais on s’en fout de tes amis. T’es à une soirée avec une meuf incroyable, chaude comme la braise et tu restes collé à ton téléphone.
Ca devenait très difficile de parler à Thomas tout en réfléchissant à ce que j’allais demander de bien pervers à Aude.
« Ne viens pas tout de suite. Thomas est venu se poser à table. »
- Franchement, tu la connais depuis longtemps Aude.
- Je ne compte plus les années.
- Elle est toujours comme ça ?
- C’est-à-dire ?
- Aussi volcanique.
- Ca dépend.
- C’est-à-dire.
« Il te trouve volcanique. »
- Eh bien c’est une fille incroyable. Elle a été en couple plus de cinq ans et elle a toujours été d’une fidélité absolue.
Mais moi qui l’ai connue avant qu’elle ne se mette en couple je dois dire que ce soir je la revois comme elle était quand elle avait ton âge.
- C’était une chaude avant ?
- Je ne dirai pas ça. Une fille libre, décidée, qui sait ce qu’elle veut et qui prend ce qui lui plait quand ça lui plait.
- Ouais c’est ce que je dis. Et toi, tu n’as jamais rien fait avec elle ?
Pendant ce temps, Aude me mets la pression :
« Il a raison. Mais je ne vais pas rester aux toilettes éternellement. »
- On est amis.
- Oui mais tu as quand même du essayer non ?
« Tu es dans une cabine ? »
- Ce n’est pas important.
- Et depuis qu’elle n’est plus en couple, elle s’est tapée des mecs ?
- Je ne lui ai pas demandé. Mais sûrement.
- Tu crois que je peux l’emmener chez moi ce soir ?
« Oui !!!!!! »
- Bah je pense que tu va devoir lui demander.
- Non mais j’ai peur que si je vais trop vite elle me plante.
« Retires ta culotte et mets là dans ton sac ! »
- Ecoutes. Tu dois savoir une chose avec Aude. Si elle a envie de faire quelque chose elle le fait. Si elle n’a pas envie elle ne le fait pas. Quoi que tu fasses tu n’arriveras pas à la choquer.
- Elle est terrible cette meuf !
« Ca ne va pas être possible. Ma robe est trop courte. Il y a trop de monde. »
- Tu n’as rien vu. Elle est plus que terrible.
« Je ne te demande pas ton avis ! Il n’est pas encore deux heures trente. »
- Elle me rend fou. Mais franchement, dis-moi, t’as fait quelque chose avec elle toi ?
- Arrêtes de me poser cette question. C’est mon amie. C’est tout.
« Ca y est chef. Je fais quoi maintenant. »
- Oh mais lâche ce téléphone !
- T’as raison. Je crois qu’ils ne vont pas venir. Au fait, elle est où Aude ?
- Elle est partie aux toilettes.
« Viens nous rejoindre à table. »
- Et toi tu la laisses seule ?
Il comprend mon sourire lubrique.
- Mais non ? T’es pas sérieux ? C’était pas une invitation quand même ?
Après un temps de réflexion feinte pour le faire douter, je lui réponds:
- Non je ne pense pas. Sinon elle t’aurait demandé de le suivre.
Ca a fonctionné. Il n'en démord pas.
- Elle a déjà fait ça ?
Face à mon silence il insiste :
- Allez ! Dis-moi ! Je dois savoir !
- J’en sais rien.
- Je suis sûr que…
Sentant la caresse de Aude dans ses cheveux, il coupe sa phrase au milieu. Il se lève, la prend dans ses bras et l’embrasse devant moi. Aude vient s’asseoir sur le canapé près de moi, faisant face à Thomas sur son fauteuil. Thomas ne lui lâche pas la main.
- Alors les garçons, vous parliez de quoi ?
- De toi bien sûr.
- Bon sujet de conversation. Et ?
- Et je vais aller me fumer une cigarette dehors.
Prétextant chercher mon paquet dans le sac de Aude, j’en profite pour vérifier que son shorty s’y trouve bien. Et il est là! Pile au milieu. Juste sous le téléphone.
- Thomas tu devrais profiter du canapé pendant que je fume. Tu comprendras pourquoi je ne le lâche pas.
En me frayant un chemin dans la foule pour rejoindre la terrasse extérieure j’en profite pour imaginer le nouveau message que je pourrai envoyer à Aude.
Je le rédige mais ne l’envoie pas avant d’être dehors et d’avoir vue sur notre table. Thomas est assis sur le canapé. Il tient la main d’Aude. Ils boivent et discutent.
« Colles toi à lui. Lèche son majeur. Dis-lui à l’oreille qu’il devrait vérifier l’état de la culotte. »
Lorsque Aude lit le message elle reste un peu plus longtemps que nécessaire sur son téléphone. Visiblement elle ne s’attendait pas à ça. Elle range le téléphone sans me répondre et continue sa discussion avec Thomas comme si de rien n’était. Durant quelques minutes rien ne se passe. Je navigue entre excitation, frustration et peur. Peur d’avoir atteint la limite. Peur d’avoir trop demandé.
Puis d’un coup, Thomas s’approche de Aude. Il passe son bras gauche par-dessus ses épaules et l’embrasse en lui caressant le visage. Je vois Aude attraper la main de Thomas. Elle recule un peu. Le regarde dans les yeux. Porte sa main à sa bouche. Puis elle avale son majeur. Entièrement. Sans le quitter des yeux. Elle ressort le doigt de sa bouche pour aussitôt l’avaler de nouveau. Lorsqu’elle a fini, elle embrasse Thomas dans le cou et je l’aperçois lui dire quelque chose à l’oreille.
Thomas l’embrasse à pleine bouche. Ayant récupéré l’usage de sa main droite, il s’empresse de la poser sur la cuisse de Aude. De là où je suis, je ne peux pas voir ce que sa main fait. Mais le mouvement de son bras m’indique qu’elle est certainement en train de remonter. Soudainement, le bras arrête son mouvement. Thomas se recule et je distingue Aude qui lui sourit en le regardant dans les yeux. Puis le mouvement du bras reprend. Je le vois reculer légèrement puis avancer de nouveau et de nouveau s’arrêter.
Pendant ce temps Aude lui caresse les cheveux tout en l’embrassant. Puis je ne vois plus que l’épaule et le haut du bras de Thomas faire des mouvements brefs. Aude ne l’embrasse plus. Elle a posé sa tête sur son épaule. Elle semble l’embrasser dans le cou. Alors que sa main s’agite frénétiquement dans les cheveux de Thomas.
J’imagine aisément qu’après la surprise de découvrir que Aude ne portait rien sous sa robe, Thomas a caressé son sexe jusqu’à ce que celui-ci lâche ses premières larmes de plaisir. Puis, a son initiative ou sur l’injonction de Aude il a entrepris de le consoler. Les tremblements du corps de Aude ne me laissent aucun doute. Le majeur de Thomas est dans son vagin. Et à en juger par les mouvements de l’épaule du jeune homme, il va de plus en plus vite.
L’obscurité aidant, Aude et Thomas semblent avoir complétement oubliés les centaines de paires de yeux qui peuvent à tout instant les surprendre. Aude se laisse totalement aller, et n’importe qui les regarderait saurait immédiatement ce qui est en train de se passer.
A ce moment précis, je suis dans un état que je n’ai jamais connu auparavant. Une frustration immense m’envahit, d’être là, seul, réduit à l’état d’un pauvre voyeur pathétique. Puis l’instant d’après, des vagues incontrôlables d’excitation me saisissent. J’ai envie de voir Aude se jeter sur le sexe de Thomas. J’ai envie de voir Thomas arracher la robe de Aude puis la prendre là, au milieu de la foule. Puis la frustration, cette fois accompagnée de son amie la jalousie, me submergent. Je regarde la scène comme si elle n’existait pas. Comme si elle n’avait pas lieu. Et je n’arrive plus à reprendre le contrôle de mes pensées.
Me faisant violence, je m’arrache littéralement de mon emplacement et je me dirige vers le bar. En rentrant dans la discothèque, un des vigiles me demande si ça va. Je dois être bien pâle. Je rassemble toutes mes forces pour lui adresser un sourire et hocher la tête. J’essaye de lui dire que tout va bien puis je me rends compte que j’ai perdu les mots, restés sans doute quelque part là-bas sur la terrasse, égarés entre les mouvements d’une épaule et les convulsions d’une cuisse.
Arrivé au bar, tant bien que mal, je parviens à me faire servir une vodka. Je la bois avant que le serveur n’ait le temps de me rendre ma monnaie. J’en profite pour en commander une autre. J’ai besoin de m’assommer les pensées, de les remettre au pas. Machinalement, je regarde mon téléphone. Il est deux heure trente passé. Nous sommes dans la partie trois du jeu. Je dois inventer quelque chose. Vite.
Alors je rédige : « La deuxième partie est terminée. Tu as été exceptionnelle. Jusqu’à quatre heures tu reprends toute ta liberté. Tu es le maître du jeu. A toi de me dire ce qu’on fait. »
La curiosité me dit d’aller voir ce qui se passe du côté de la table. Mais je résiste. J’attends une réponse qui ne vient pas. Et mentalement je m’interdis de bouger tant que Aude ne m’aura pas dit quoi faire. Deux jeunes filles s’installent au bar. Machinalement, par reflexe, je m’incruste dans leur conversation. C’est de cette manière que j’avais séduit Julie, voilà des années. Sans efforts particulier, je réussis à capter leur attention, à le faire rire. Je suis rassuré. Je n’ai pas perdu la main. Je peux encore faire des dégâts.
Puis mon téléphone vibre. Je décroche aussitôt de la discussion.
« Ah j’aime bien cette troisième partie. On est toujours à table. Apporte nous à boire, la bouteille est vide. »
Je m’exécute et je prends congé des deux demoiselles. Elles sont un peu surprises par cette façon de faire mais déjà je ne me souviens plus d’elles.
Lorsque j’arrive à la table, Thomas et Aude discutent sagement. En m’apercevant, Thomas m’adresse un clin d’œil appuyé. Je dépose les verres sur la table et m’assois face à eux sur un des fauteuils. Aude me regarde. Elle saisit son verre. Boit une gorgée. Le repose. Et en caressant la cuisse de Thomas elle lance :
- Bon, j’ai envie de danser moi. Vous venez ? Enfin, toi Julien je ne te demande pas. Tu ne danses jamais.
Thomas qui n’a pas touché son verre se lève et ils partent main dans la main vers la piste. La boîte est maintenant archi-comble et je les perds rapidement de vue, noyés dans la foule. Puis mon téléphone vibre de nouveau :
« Il y a un distributeur dans les toilettes. Va acheter des préservatifs. »
Je relis le message une bonne dizaine de fois. Cloué sur mon siège, j’envoie :
« Tu veux le faire ici ? »
La réponse tarde. Elle doit être en train de danser. Puis : « Jusqu’à quatre heures je fais ce que je veux. Ne me pose plus aucune question. Fais juste ce que je te demande. »
Décidément, Aude bouscule toutes mes prévisions. Elle est un véritable défi à mon imagination qui me rappelle avec force pourquoi je suis autant amoureux de Julie.
En joueur docile, après tout je ne fais qu’appliquer les règles que j’ai fixées, je m’exécute. En introduisant les pièces de monnaie, un jeune homme me félicite.
- Au moins un qui ne va pas dormir sur la béquille ce soir.
S’il savait ce que j’étais en train de vivre. Que ces préservatifs n’étaient en aucun cas destinés à mon usage mais à celui de l’homme qui risquait de coucher avec mon amour. Renonçant instantanément à l’idée de lui expliquer l’incompréhensible, je me contente de lui sourire.
En revenant à notre table, je retrouve Aude. Elle est seule en train de siroter son verre. Elle me sourit.
- Tu as croisé Thomas ?
- Non.
- Ah il allait au même endroit que toi. Ca y est ? Tu as fait les courses.
Je lui tends les trois préservatifs que j’ai achetés. Elle les regarde un peu déçue avant de les enfourner dans son sac.
- Bon, j’espère qu’il aura l’idée d’en acheter aussi. En plus ce n’est même pas des king size.
- Pourquoi ? Elle est vraiment…
Sa capacité à jouer le jeu ne cesse de m’étonner. Elle ne me répond pas et se contente de vider lentement son verre.
- Mais tu veux vraiment le faire ?
- Il m’a proposé de me faire découvrir son appartement. Quelque chose me dit qu’il veut me montrer autre chose.
- Tu lui as dit quoi ?
- Tu verras bien, il arrive.
Et en effet, Thomas reprit place à côté de Aude. Quant à moi, je sentais le jeu m’échapper. Je mobilisais autant de ressources que je pouvais pour reprendre la main. Heureusement, je ne lui avais pas dit ce qui devait se passer après quatre heures. Par conséquent, je me disais que j’allais lui imposer une nouvelle période de contraintes. Ca me permettrait de contrôler la situation. Encore fallait-il que je trouve des idées pour ne pas briser le rythme du jeu.
- Alors Julien? Elle se passe bien ta soirée.
- On ne peut mieux.
- Ah si on peut, dit-il en déposant un baiser sur les lèvres de Julie. Je t’ai vu parler avec deux petites tout à l’heure. Tu ne les as pas invitées à notre table ?
- Non. Elles n’étaient pas très intéressantes.
- Dommage. Enfin surtout pour toi.
Il échange un nouveau baiser avec Aude puis s’adressant à elle :
- Tu as encore envie de danser ?
- Non. Pas tout de suite. Je suis bien là.
- Tu veux peut être qu’on parte.
- Non. Pas tout de suite.
Cette fois c’est elle qui l’embrasse. Un long moment. Et cette fois, je peux nettement voir sa main s’aventurer en haut des cuisses de Thomas et le caresser de manière appuyée.
- Tu vois. Je suis bien là – puis elle se lève et nous lance - bon les garçons je vais faire un tour. Soyez sages.
Alors qu’elle s’éloigne, Thomas est incapable de la quitter des yeux.
- Elle est exceptionnelle ton amie. Je n’ai jamais vu ça.
- Je t’avais prévenu.
- Tu sais qu’elle n’a pas de culotte sous sa robe ?
- Je ne savais pas non.
- Tu sais ce qu’elle m’a fait ?
- Non mais je sens que tu vas me le dire.
- Ca ne te dérange pas au moins ?
- Pourquoi tu veux que ça me dérange.
- Non, je disais ça comme ça. Au cas où.
- Eh bien, qu’est ce qu’elle t’a fait ?
- Quand tu es parti fumer, elle m’a léchée le doigt et m’a demandé de la doigter. Juste là.
A peu près à ce moment, je recevais un texto de Aude. « Jusqu’à quatre heures parles avec lui. Parle lui de ce qu’il a envie de me faire. Ensuite tu devras me raconter. »
En entamant le jeu, je ne m’étais jamais douté que mon amour serait un partenaire aussi doué. Cette soirée me rappelait avec une intensité inouïe la jeune femme que j’avais tout fait pour séduire il y a plus de sept ans. Cette jeune femme que depuis quelques temps je ne retrouvai plus que par intermittences, par détails que le filtre du quotidien ne parvenait pas à retenir. En revanche, ce soir elle était entièrement et complétement là. La même jeune fille, joueuse, séductrice, coquine et par moment perverses. Celle qui pendant un laps de temps m’avait fait m’imaginer que j’étais le dieu de l’amour en personne, tellement elle me stimulait pour que je recommence, pour que je dure, pour que j’explore et que je crée. Elle était revenue et ça me comblait de bonheur. Alors je jouais au jeu.
- Et tu l’as fait ?
- Bien sûr que je l’ai fait. C’est là que j’ai compris qu’elle n’avait rien en dessous. Elle est bouillante cette fille. On dirait qu’elle n’a pas baisée depuis un siècle.
- C’est ton soir de chance on dirait.
Il prend un air contrarié.
- Je ne sais pas. Ca va un peu dépendre de toi ça.
- C’est-à-dire ?
- Bah j’aimerai bien qu’elle vienne chez moi ce soir.
- Tu lui as demandé ?
- Bien sûr que je lui ai demandé.
- Elle a dit quoi ?
- Qu’elle ne savait pas. Que pour l’instant elle voulait être ici.
- Tu as insisté ?
- Oh oui. Elle m’a dit qu’il fallait que je lui donne énormément envie pour qu’elle te laisse seul.
- Et comment je peux t’aider ?
- Bah tu peux faire semblant d’être fatigué et de vouloir rentrer. Ca lui donnera un prétexte pour rentrer avec moi.
- Ca ne marchera pas. Elle sait que je suis insomniaque et aux trois quarts alcoolique. Elle sentira ce que je veux faire et elle déteste qu’on lui force la main.
Il semblait perdu dans ses pensées. Il tentait de résoudre un problème visiblement hors de portée pour lui. Alors je décidais de lui tendre une perche.
- Je crois que Aude t’as dit ce qu’elle attendait.
- C’est-à-dire ?
- Elle t’as demandé de lui donner envie. Alors quand elle revient, isoles toi avec elle. Expliques lui à quel point elle t’excite. Dis lui crûment, tout ce que tu as envie de lui faire. Comment tu as envie de lui faire.
Un peu perplexe, un brin d’optimisme apparut dans sa question :
- Tu crois que ça peut marcher ?
- Ecoutes, elle te chauffe, elle te demande de la doigter et quand tu lui propose de passer aux choses sérieuses elle te dit que tu dois lui donner envie. A ton avis, qu’est ce qu’elle est en train de faire ?
La perplexité venait de décrocher un crochet du gauche fatale à l’optimisme de Thomas :
- Je ne sais pas.
- Elle teste tes limites couillon. Elle veut que tu sois directif, décidé, cru. Elle ne veut pas que tu sois perdu.
Mais l’optimisme refit surface :
- Tu penses que ça va marcher ?
- Bah essayes. Quand elle revient, je vous laisserai en tête à tête.
Je venais de reprendre la main dans le jeu. C’est Thomas, qui à ma demande, allait personnellement dire à Aude ce qu’il avait envie de lui faire. Je restais le maître du jeu et je comptais en profiter. Lorsque Aude refit son apparition, radieuse, il lui restait moins d’un quart d’heure de liberté. Prétextant une soif soudaine, je m’extirpais de mon siège pour me diriger vers le bar et les laisser en tête à tête.
A quatre heures précises, j’envoyais un nouveau message à Aude : « La liberté c’est fini. J’espère que tu en as profité. Voici venu le temps des contraintes. »
Le temps de finir mon verre et j’envoyais un nouveau message :
« Je vais sur la terrasse. Rejoins-moi. Seule !!! »
Avec un retard que je soupçonnais soigneusement calculé, Aude vint me rejoindre en repoussant gentiment mais fermement les sollicitations des hommes qui croisaient son chemin.
Prenant un air guindé, j’engageais les hostilités :
- Alors… Auddeee ! Elle se passe comment votre soirée ?
- Parfait mon Juliiiien. Parfait. Et vous-même ?
- J’apprécie l’instant mon petit. Comme à mon habitude. Et ce Thomas ?
- Il est exquis ma fois.
- A votre goût donc ?
- Ah je ne saurai le dire mon petit Julien. Je ne l’ai pas encore réellement mis en bouche.
- J’ai l’impression qu’il vous tarde de le faire mon petit ?
Elle se contente de me sourire alors qu’elle aspire la fumée, et certainement pour la première fois de la soirée, elle me caresse la main. C’est sa manière à elle de me signifier que le sujet devient sérieux et que nous devrions en discuter avec toute l’attention qu’elle requiert.
[La suite ou non suite du récit dépend de vous lecteurs... Deux options seulement: soit Aude part avec Thomas soit elle ne part pas avec lui. Les dix premier à voter AVEC ou les dix premiers à voter SANS auront gagnés. Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a que deux options qu'il n'y a pas une multitude de possibilités
]
Nous avons laissé passer les mois et j’ai patiemment attendu le printemps. J’avais décidé d’amener Julie par le jeu à faire sauter ce verrou. J’ai profité d’un week-end que je devais passer dans une ville du sud de la France pour l’inviter à m’accompagner. Le vendredi, je bouclais rapidement tous mes rendez-vous professionnels. Le soir, je l’invitais à diner. Je lui avais dit que le restau se la jouait « bon chic bon genre » et qu’il serait bien vu qu’elle vienne dans une tenue classe et sexy. Et oui, si les robes et les talons lui vont à merveille, elle n’apprécie pas forcément de s’habiller ainsi lorsqu’on est en tête à tête, préférant des tenues plus décontractées.
Ce soir-là elle était tout simplement ravissante. Une petite robe noire, moulante et légère, et ses louboutin fétiches pour accentuer la longueur et la finesse de ses jambes magnifiques. En marchant à ses côtés je ne pouvais m’empêcher de remarquer avec amusement les regards de tous les hommes que nous croisions.
Entre temps, sans rien lui dire, j’avais planifié pratiquement toute la soirée. J’avais réservé une table dans une boîte de nuit très branchée de la ville et j’avais acheté un téléphone portable avec une carte.
Durant le diner, arrosé comme il se doit, je fis quelques allusions à nos jeux et je passais mon temps à essayer de la séduire… comme si on se voyait pour la première fois. Au moment de quitter le restaurant, Julie fit mine de se diriger vers l’hôtel. Je l’invitais à ce moment à aller boire un verre dans une boite du coin. Il faisait beau, on n’avait rien à faire le lendemain alors autant profiter. Julie adore danser alors que mon corps refuse catégoriquement toute activité de ce type. Lorsque nous sortons en boite, nous sommes toujours accompagnés de ses amies. Mais ce soir elle était coincée. Pas d’amies ni même de connaissances dans cette ville, une soirée qui se passe bien, un temps agréable. Alors elle me suit.
Arrivés au club, assis à notre table avec la bouteille de champagne qui nous attendait, elle s’aperçoit que la soirée ne devait pas grand-chose au hasard.
- Tu as tout prévu toi ! Tu ne vas quand même pas me demander en mariage ?
- Aucune chance. En revanche, tu ne peux pas imaginer tout ce que j’ai prévu. Ce soir, on va jouer.
- Ah !!! Alors c’est donc ça !!! Je comprends enfin ton manège, me dit-elle en souriant.
Alors que la boite de nuit se remplissait au fur et à mesure, et que nous trinquions, je lui expliquai les règles du jeu. Mon jeu avait pour nom « libertés et contraintes ». J’expliquai à Julie qu’à partir du moment où je donnerai le top départ du jeu et jusqu’à la fin, elle s’appellerait Aude. Pour tout le monde, y compris pour moi. Elle serait une étudiante parisienne venue passer quelques jours avec un ami suite à une rupture amoureuse. J’étais bien entendu l’ami en question et pour l’occasion je me prénommais Julien.
L’énoncé des règles couplé aux petites bulles faisait pétiller le regard de Julie. Nous avions déjà discuté de la possibilité de jouer de la sorte. Mais toutes ces discussions étaient restées lettres mortes, jusqu’à la surprise de ce soir-là.
- Le jeu démarre quand tu le souhaites et au plus tard à minuit.
Il lui restait un peu plus de trente minutes pour prendre l’initiative.
- Le jeu se déroulera en plusieurs parties. La première partie se termine à une heure. Pendant cette étape, tu es totalement libre de faire ce que tu veux et surtout de ne pas faire ce que tu ne veux pas. Tu n’as qu’une seule contrainte: jouer ! Et un seul objectif : t’amuser !
- Je sens que la deuxième étape va moins me plaire…
- C’est possible. En deuxième partie, je deviens le maître absolu du jeu. La deuxième partie se déroule de une heure du matin à deux heures trente. Plus tu auras réussie à me rendre jaloux et à m’exciter durant la première partie, moins les contraintes que je te fixerai en deuxième partie seront difficiles.
- Et je fais comment pour t’exciter ?
- Eh bien tu trouves. Tu danses, tu dragues…
- Je ne sais pas draguer !
Il est vrai qu’avec son physique, Julie passe plus de temps à repousser toutes sortes d’avances qu’à courir après les hommes. Et ce depuis son adolescence.
- Alors tu te laisses draguer. Tu discutes. Tu flirtes. Enfin, tu as jusqu’à une heure pour être imaginative, créative, coquine et faire tout ce qui te plait.
Elle regarde la salle qui continue à se remplir, semble jauger les hommes présents, et me lance :
- Je pense pouvoir y arriver. Ca devrait être amusant. Et après deux heures trente ?
- Surprise.
- Ce n’est pas juste. Si on joue, j’ai au moins le droit de connaître les règles du jeu.
- Je n’ai jamais dit que c’était juste. C’est juste comme ça et c’est tout.
Avant que le jeu ne démarre, je lui fournis le petit téléphone avec carte que j’avais acheté. Aude existait pleinement. Elle avait un nouveau nom, une activité, un passé et un numéro de téléphone jetable. Le jeu pouvait démarrer.
Julie termina sa deuxième coupe d’une traite pour mieux prendre possession de son personnage, puis Aude se leva et se dirigea d’un pas nonchalant vers la piste de danse. Il lui restait un peu plus d’une heure et quart de liberté. Notre table était proche de la piste et surélevée par rapport à elle ce qui me permettait de voir tout ce qui s’y passait. J’avais également vue sur une grande partie de la terrasse extérieure de la boite de nuit où les gens pouvaient s’asseoir pour profiter du beau temps et discuter plus tranquillement qu’à l’intérieur. Enfin, j’avais vue sur le bar qui longeait la piste de danse. La discothèque était encore loin d’être bondé comme je savais qu’elle allait l’être dans quelques heures. Il y avait tout de même déjà quelques couples et un groupe d’amies sur la piste. Autour du bar, je repérai rapidement quatre hommes. Deux amis qui discutaient en jaugeant discrètement les danseuses et deux hommes seuls qui le faisaient ouvertement.
Aude étant l’unique femme à danser seule, elle fut instantanément repérée. Il fallut moins de cinq minutes et visiblement un verre de vodka à un des hommes pour prendre son courage à deux mains et aller essayer de danser près d’elle.
Aude poursuivait ses déhanchements au rythme de la musique sans lui prêter la moindre attention alors qu’il essayait de se rapprocher petit à petit. Le manège dura ainsi alors que d’autres couples et des groupes d’amis prenaient possession de la piste de danse.
Après une vingtaine de minutes, le premier homme se fit griller la politesse. Un deuxième homme quitta son groupe d’amis s’avançant droit sur Aude en dansant. Il s’approcha d’elle pour lui parler à l’oreille ce qui acheva de convaincre notre premier prétendant qui retourna au stand se servir un autre verre.
Je regardais Aude discuter tout en dansant avec l’inconnu. Plus petit que moi, piètre danseur, une tenue et des manières trop soignées, il n’avait absolument aucune chance avec Julie. Mais je ne savais pas de quoi Aude était capable pour me surprendre. Sans m’exciter la situation m’amusait un peu plus que la précédente.
Leur discussion n’était pas très soutenue. De temps en temps l’homme s’approchait pour lui dire quelque chose, attendait la réponse puis battait légèrement en retrait, probablement le temps de trouver la prochaine réplique. Ce n’était pas gagné pour lui. A un moment j’ai compris qu’il invitait Aude à rejoindre leur groupe d’amis. Aude lui fit un signe vers notre table et après quelques échanges, l’homme repartit d’où il était venu.
Il restait à Aude moins de trente minutes de liberté et rien de bien excitant ne s’était passé. Elle quitta la piste de danse et semblait se diriger vers notre table. En passant près du bar, un jeune homme que je n’avais pas repéré lui saisit le bras et se pencha vers son oreille pour lui dire quelque chose. Aude se tourna vers lui pour lui répondre. L’échange dura quelques secondes pendant lesquelles le jeune homme, il devait avoir un tout petit peu plus de vingt ans, ne lâcha pas son bras. Puis les deux allèrent s’installer au bar sur des tabourets. Le jeune homme lui présenta deux autres garçons, probablement des amis à lui. Il me tournait le dos et je ne pouvais distinguer les traits de son visage. Mais Aude était très souriante et leurs échanges beaucoup plus vifs qu’avec le précédent prétendant. Le jeune homme passa une commande et peu après ils trinquaient.
Leur discussion ne connaissait pas de temps morts. Aude lui fit signe vers notre table et avant qu’il ne se retourne, je me dépêchais de regarder ailleurs pour qu’il ne se sente pas épié. Du coin de l’œil, je les aperçus se lever et se diriger vers moi. Ca devenait enfin amusant.
- Julien je te présente Thomas.
Il n’avait pas plus de 23 ans. Grand, enfin, plus grand que moi, brun, allure sportive, avec une barbe de quelques jours et des yeux clairs. Ils prirent place sur les fauteuils en face de moi.
- Bah alors, qu’est ce que tu fais tout seul ?
- C’est comme ça que je préfère les soirées en boite de nuit. Une bouteille de champagne, de la musique et des gens qui dansent pour moi.
- Mais c’est nul. Allez. Viens t’amuser avec nous.
- Mais je m’amuse beaucoup là.
- Tu n’es pas sérieux. Tu ne peux pas laisser une fille comme Aude seule sur la piste.
- Aude est une grande fille tu sais ? Ca fait longtemps qu’elle n’a pas besoin d’être chaperonné.
- Ah ça je confirme, s’empressa de préciser Aude avec un sourire malicieux à mon attention.
Ils restèrent à table pour finir leurs verres. C’est ainsi que j’appris que Thomas était étudiant dans une école de commerce, qu’il vivait ici depuis quatre ans, qu’il adorait cette ville, qu’il adorait cette boite, qu’il adorait danser, bref je ne sais pas ce qu’il n’adorait pas.
Puis Thomas s’intéressa à Aude. A son histoire de cinq ans avec Arnaud qui venait de se terminer parce qu’elle « se sentait étouffer dans la routine ». A son envie de voyager, de rencontrer du monde, de s’amuser.
Finalement, en amenant Thomas à notre table et en le draguant ouvertement sous mes yeux avec des allusions à peine voilées sur ses intentions, j’ai dû admettre qu’Aude avait réussi à me rendre jaloux.
Je lui envoyais un petit sms sur le téléphone jetable que je lui avais fourni: « Bien joué ! ». Elle me fit un clin d’œil après l’avoir consulté tout en discutant avec Thomas de ses passions sportives.
J’en profitais pour lui envoyer un deuxième. « Il te plait ? ».
« Il est pas mal. Et toi ? T’es jaloux ? ».
« Pas assez. Ca manque de chaleur. Et comme il est une heure passée je te demande de l’Inviter à danser. Colles le. Chauffe le. »
Elle me répondit : « Je suppose que je n’ai pas le choix. »
« Non. Et tu as moins de quinze minutes pour qu’il essaye de t’embrasser. Si tu n’y arrives pas je vais te demander bien plus difficile. »
« Et quand il aura essayé ? Je fais quoi ? »
« A toi de voir. Allez joues. Et vérifie ton téléphone toutes les deux chansons.»
Aude rangea son téléphone dans le petit sac qui ne la quittait jamais, décroisa lentement ses jambes, puis se leva. Je surpris le regard de Thomas qui l’a déshabillait.
- Bon les garçons. Je retourne danser. Vous me suivez ?
Thomas se leva instantanément alors que je déclinais la proposition avec un sourire complice. A cette heure la piste était pratiquement bondée. Aude pris la main de Thomas et l’entraina dans son sillage au milieu de la foule. Thomas était bon danseur. Il suivait avec grâce le rythme et les ondulations imposées par Aude. Celle-ci n’eût pas grand-chose à faire. Rapidement, Thomas passa son bras autour de ses hanches et s’approcha d’elle. Aude dansait de manière extrêmement sensuelle. Elle pivota sur elle-même, tournant le dos à Thomas.
La situation devenait compliquée pour moi tant l’excitation montait en flèche. En fonction des mouvements des danseurs sur la piste, j’arrivais par moment à apercevoir les mains de Thomas se balader sur le ventre d’Aude. Celle-ci, totalement collée à lui, se laissait aller en ondulant des hanches. J’imaginais sans mal que Thomas devait être en train de bander depuis un moment. Et que Aude ne pouvait pas ne pas s’en rendre compte.
Thomas se pencha sur le coup de Aude. Je devinais qu’il lui disait quelque chose. Je la voyais nettement sourire. Puis Thomas sembla s’arrêter de parler. J’avais l’impression de le voir déposer des baisers dans le coup de Aude. Celle-ci, la tête penchée en arrière, continuait à danser. Une de ses mains avait saisie celle de Thomas qui était toujours sur son ventre. J’essayais de voir ce que faisaient les deux autres. Subitement, Aude s’extirpa de l’étreinte de Thomas et se retourna pour lui faire face. Il l’attira vers lui, passa sa main droite derrière sa nuque, et sans s’arrêter de danser s’approcha pour l’embrasser.
Aude lui rendit son baiser saisissant le visage de Thomas des deux mains. A présent ils étaient collés l’un à l’autre et dansaient en s’embrassant langoureusement. Là où je lui avais laissé quinze minutes, moins de cinq lui avaient amplement suffis.
Pendant un instant, mon cerveau me rappela que ce que j’étais en train de regarder c’était Julie, MA Julie, en train d’embrasser à pleine bouche un parfait inconnu au milieu d’une discothèque. Aussitôt, je faillis bondir sur mes jambes pour aller mettre un terme à cette intolérable scène.
Mais rapidement je fis les efforts nécessaires pour reprendre mes esprits. J’avais fixé les règles du jeu. Je n’avais aucun droit de l’interrompre. Surtout que pour le moment, il se déroulait à merveille. Au détail près que je n’avais à aucun moment prévu qu’elle jouerait le jeu à ce point-là. C’est réellement Aude qui était devant mes yeux tant Julie semblait habiter son personnage avec conviction.
Et Aude allait vite. Beaucoup plus vite que moi. Je m’étais imaginé qu’après quelques minutes, Julie abandonnerait la première partie du jeu pour venir à table me dire qu’elle s’ennuie. J’avais imaginé me servir de la partie contrainte pour l’obliger à danser ou discuter avec des hommes. Dans le plus excitant des scénarios j’avais imaginé qu’elle arriverait peut être à embrasser un inconnu avant la fin de la nuit.
Mais là, il n’était même pas deux heures, et Aude mélangeait sans retenue sa salive à celle d’un certain Thomas. Je devais faire fonctionner mon imagination. C’était l’occasion idéale de tester les limites d’Aude. La pousser vers de plus en plus d’audace. Essayer des choses qui en temps normal m’auraient semblées totalement impossibles.
Je lui envoyais donc un message : « Dis-lui de t’attendre. Tu dois aller aux toilettes. Ce sera plus simple pour communiquer. »
Le temps qu’elle pense à vérifier son téléphone il se passa encore une éternité de caresses et de pelles bien baveuses sous mes yeux. Puis Aude quitta Thomas pour se diriger vers les toilettes.
« Tu as décidé de me surprendre à ce que je vois. Il embrasse bien ? »
« Merveilleusement. Presque aussi bien que ce qu’il danse. »
« Il bandait ? »
« A ton avis ? Bien sûr que oui.»
« Elle est grosse ? »
« Je ne sais pas. Je ne l’ai pas touchée. »
« La nuit est encore longue. Mais tu l’as sentie comment ? »
« Très en forme. »
« Et t’as envie de la toucher ? »
« Je ne sais pas. On est dans la partie où Julien dit à Aude ce qu’elle doit faire. »
Alors que je rédigeai la prochaine réponse, un nouvel imprévu se produit. Thomas venait de débarquer à ma table, trois verres dans les mains.
- Je ne te comprends pas. Tu ne lâches pas ton téléphone.
- J’essaye de faire venir des amis mais ils résistent.
- Mais on s’en fout de tes amis. T’es à une soirée avec une meuf incroyable, chaude comme la braise et tu restes collé à ton téléphone.
Ca devenait très difficile de parler à Thomas tout en réfléchissant à ce que j’allais demander de bien pervers à Aude.
« Ne viens pas tout de suite. Thomas est venu se poser à table. »
- Franchement, tu la connais depuis longtemps Aude.
- Je ne compte plus les années.
- Elle est toujours comme ça ?
- C’est-à-dire ?
- Aussi volcanique.
- Ca dépend.
- C’est-à-dire.
« Il te trouve volcanique. »
- Eh bien c’est une fille incroyable. Elle a été en couple plus de cinq ans et elle a toujours été d’une fidélité absolue.
Mais moi qui l’ai connue avant qu’elle ne se mette en couple je dois dire que ce soir je la revois comme elle était quand elle avait ton âge.
- C’était une chaude avant ?
- Je ne dirai pas ça. Une fille libre, décidée, qui sait ce qu’elle veut et qui prend ce qui lui plait quand ça lui plait.
- Ouais c’est ce que je dis. Et toi, tu n’as jamais rien fait avec elle ?
Pendant ce temps, Aude me mets la pression :
« Il a raison. Mais je ne vais pas rester aux toilettes éternellement. »
- On est amis.
- Oui mais tu as quand même du essayer non ?
« Tu es dans une cabine ? »
- Ce n’est pas important.
- Et depuis qu’elle n’est plus en couple, elle s’est tapée des mecs ?
- Je ne lui ai pas demandé. Mais sûrement.
- Tu crois que je peux l’emmener chez moi ce soir ?
« Oui !!!!!! »
- Bah je pense que tu va devoir lui demander.
- Non mais j’ai peur que si je vais trop vite elle me plante.
« Retires ta culotte et mets là dans ton sac ! »
- Ecoutes. Tu dois savoir une chose avec Aude. Si elle a envie de faire quelque chose elle le fait. Si elle n’a pas envie elle ne le fait pas. Quoi que tu fasses tu n’arriveras pas à la choquer.
- Elle est terrible cette meuf !
« Ca ne va pas être possible. Ma robe est trop courte. Il y a trop de monde. »
- Tu n’as rien vu. Elle est plus que terrible.
« Je ne te demande pas ton avis ! Il n’est pas encore deux heures trente. »
- Elle me rend fou. Mais franchement, dis-moi, t’as fait quelque chose avec elle toi ?
- Arrêtes de me poser cette question. C’est mon amie. C’est tout.
« Ca y est chef. Je fais quoi maintenant. »
- Oh mais lâche ce téléphone !
- T’as raison. Je crois qu’ils ne vont pas venir. Au fait, elle est où Aude ?
- Elle est partie aux toilettes.
« Viens nous rejoindre à table. »
- Et toi tu la laisses seule ?
Il comprend mon sourire lubrique.
- Mais non ? T’es pas sérieux ? C’était pas une invitation quand même ?
Après un temps de réflexion feinte pour le faire douter, je lui réponds:
- Non je ne pense pas. Sinon elle t’aurait demandé de le suivre.
Ca a fonctionné. Il n'en démord pas.
- Elle a déjà fait ça ?
Face à mon silence il insiste :
- Allez ! Dis-moi ! Je dois savoir !
- J’en sais rien.
- Je suis sûr que…
Sentant la caresse de Aude dans ses cheveux, il coupe sa phrase au milieu. Il se lève, la prend dans ses bras et l’embrasse devant moi. Aude vient s’asseoir sur le canapé près de moi, faisant face à Thomas sur son fauteuil. Thomas ne lui lâche pas la main.
- Alors les garçons, vous parliez de quoi ?
- De toi bien sûr.
- Bon sujet de conversation. Et ?
- Et je vais aller me fumer une cigarette dehors.
Prétextant chercher mon paquet dans le sac de Aude, j’en profite pour vérifier que son shorty s’y trouve bien. Et il est là! Pile au milieu. Juste sous le téléphone.
- Thomas tu devrais profiter du canapé pendant que je fume. Tu comprendras pourquoi je ne le lâche pas.
En me frayant un chemin dans la foule pour rejoindre la terrasse extérieure j’en profite pour imaginer le nouveau message que je pourrai envoyer à Aude.
Je le rédige mais ne l’envoie pas avant d’être dehors et d’avoir vue sur notre table. Thomas est assis sur le canapé. Il tient la main d’Aude. Ils boivent et discutent.
« Colles toi à lui. Lèche son majeur. Dis-lui à l’oreille qu’il devrait vérifier l’état de la culotte. »
Lorsque Aude lit le message elle reste un peu plus longtemps que nécessaire sur son téléphone. Visiblement elle ne s’attendait pas à ça. Elle range le téléphone sans me répondre et continue sa discussion avec Thomas comme si de rien n’était. Durant quelques minutes rien ne se passe. Je navigue entre excitation, frustration et peur. Peur d’avoir atteint la limite. Peur d’avoir trop demandé.
Puis d’un coup, Thomas s’approche de Aude. Il passe son bras gauche par-dessus ses épaules et l’embrasse en lui caressant le visage. Je vois Aude attraper la main de Thomas. Elle recule un peu. Le regarde dans les yeux. Porte sa main à sa bouche. Puis elle avale son majeur. Entièrement. Sans le quitter des yeux. Elle ressort le doigt de sa bouche pour aussitôt l’avaler de nouveau. Lorsqu’elle a fini, elle embrasse Thomas dans le cou et je l’aperçois lui dire quelque chose à l’oreille.
Thomas l’embrasse à pleine bouche. Ayant récupéré l’usage de sa main droite, il s’empresse de la poser sur la cuisse de Aude. De là où je suis, je ne peux pas voir ce que sa main fait. Mais le mouvement de son bras m’indique qu’elle est certainement en train de remonter. Soudainement, le bras arrête son mouvement. Thomas se recule et je distingue Aude qui lui sourit en le regardant dans les yeux. Puis le mouvement du bras reprend. Je le vois reculer légèrement puis avancer de nouveau et de nouveau s’arrêter.
Pendant ce temps Aude lui caresse les cheveux tout en l’embrassant. Puis je ne vois plus que l’épaule et le haut du bras de Thomas faire des mouvements brefs. Aude ne l’embrasse plus. Elle a posé sa tête sur son épaule. Elle semble l’embrasser dans le cou. Alors que sa main s’agite frénétiquement dans les cheveux de Thomas.
J’imagine aisément qu’après la surprise de découvrir que Aude ne portait rien sous sa robe, Thomas a caressé son sexe jusqu’à ce que celui-ci lâche ses premières larmes de plaisir. Puis, a son initiative ou sur l’injonction de Aude il a entrepris de le consoler. Les tremblements du corps de Aude ne me laissent aucun doute. Le majeur de Thomas est dans son vagin. Et à en juger par les mouvements de l’épaule du jeune homme, il va de plus en plus vite.
L’obscurité aidant, Aude et Thomas semblent avoir complétement oubliés les centaines de paires de yeux qui peuvent à tout instant les surprendre. Aude se laisse totalement aller, et n’importe qui les regarderait saurait immédiatement ce qui est en train de se passer.
A ce moment précis, je suis dans un état que je n’ai jamais connu auparavant. Une frustration immense m’envahit, d’être là, seul, réduit à l’état d’un pauvre voyeur pathétique. Puis l’instant d’après, des vagues incontrôlables d’excitation me saisissent. J’ai envie de voir Aude se jeter sur le sexe de Thomas. J’ai envie de voir Thomas arracher la robe de Aude puis la prendre là, au milieu de la foule. Puis la frustration, cette fois accompagnée de son amie la jalousie, me submergent. Je regarde la scène comme si elle n’existait pas. Comme si elle n’avait pas lieu. Et je n’arrive plus à reprendre le contrôle de mes pensées.
Me faisant violence, je m’arrache littéralement de mon emplacement et je me dirige vers le bar. En rentrant dans la discothèque, un des vigiles me demande si ça va. Je dois être bien pâle. Je rassemble toutes mes forces pour lui adresser un sourire et hocher la tête. J’essaye de lui dire que tout va bien puis je me rends compte que j’ai perdu les mots, restés sans doute quelque part là-bas sur la terrasse, égarés entre les mouvements d’une épaule et les convulsions d’une cuisse.
Arrivé au bar, tant bien que mal, je parviens à me faire servir une vodka. Je la bois avant que le serveur n’ait le temps de me rendre ma monnaie. J’en profite pour en commander une autre. J’ai besoin de m’assommer les pensées, de les remettre au pas. Machinalement, je regarde mon téléphone. Il est deux heure trente passé. Nous sommes dans la partie trois du jeu. Je dois inventer quelque chose. Vite.
Alors je rédige : « La deuxième partie est terminée. Tu as été exceptionnelle. Jusqu’à quatre heures tu reprends toute ta liberté. Tu es le maître du jeu. A toi de me dire ce qu’on fait. »
La curiosité me dit d’aller voir ce qui se passe du côté de la table. Mais je résiste. J’attends une réponse qui ne vient pas. Et mentalement je m’interdis de bouger tant que Aude ne m’aura pas dit quoi faire. Deux jeunes filles s’installent au bar. Machinalement, par reflexe, je m’incruste dans leur conversation. C’est de cette manière que j’avais séduit Julie, voilà des années. Sans efforts particulier, je réussis à capter leur attention, à le faire rire. Je suis rassuré. Je n’ai pas perdu la main. Je peux encore faire des dégâts.
Puis mon téléphone vibre. Je décroche aussitôt de la discussion.
« Ah j’aime bien cette troisième partie. On est toujours à table. Apporte nous à boire, la bouteille est vide. »
Je m’exécute et je prends congé des deux demoiselles. Elles sont un peu surprises par cette façon de faire mais déjà je ne me souviens plus d’elles.
Lorsque j’arrive à la table, Thomas et Aude discutent sagement. En m’apercevant, Thomas m’adresse un clin d’œil appuyé. Je dépose les verres sur la table et m’assois face à eux sur un des fauteuils. Aude me regarde. Elle saisit son verre. Boit une gorgée. Le repose. Et en caressant la cuisse de Thomas elle lance :
- Bon, j’ai envie de danser moi. Vous venez ? Enfin, toi Julien je ne te demande pas. Tu ne danses jamais.
Thomas qui n’a pas touché son verre se lève et ils partent main dans la main vers la piste. La boîte est maintenant archi-comble et je les perds rapidement de vue, noyés dans la foule. Puis mon téléphone vibre de nouveau :
« Il y a un distributeur dans les toilettes. Va acheter des préservatifs. »
Je relis le message une bonne dizaine de fois. Cloué sur mon siège, j’envoie :
« Tu veux le faire ici ? »
La réponse tarde. Elle doit être en train de danser. Puis : « Jusqu’à quatre heures je fais ce que je veux. Ne me pose plus aucune question. Fais juste ce que je te demande. »
Décidément, Aude bouscule toutes mes prévisions. Elle est un véritable défi à mon imagination qui me rappelle avec force pourquoi je suis autant amoureux de Julie.
En joueur docile, après tout je ne fais qu’appliquer les règles que j’ai fixées, je m’exécute. En introduisant les pièces de monnaie, un jeune homme me félicite.
- Au moins un qui ne va pas dormir sur la béquille ce soir.
S’il savait ce que j’étais en train de vivre. Que ces préservatifs n’étaient en aucun cas destinés à mon usage mais à celui de l’homme qui risquait de coucher avec mon amour. Renonçant instantanément à l’idée de lui expliquer l’incompréhensible, je me contente de lui sourire.
En revenant à notre table, je retrouve Aude. Elle est seule en train de siroter son verre. Elle me sourit.
- Tu as croisé Thomas ?
- Non.
- Ah il allait au même endroit que toi. Ca y est ? Tu as fait les courses.
Je lui tends les trois préservatifs que j’ai achetés. Elle les regarde un peu déçue avant de les enfourner dans son sac.
- Bon, j’espère qu’il aura l’idée d’en acheter aussi. En plus ce n’est même pas des king size.
- Pourquoi ? Elle est vraiment…
Sa capacité à jouer le jeu ne cesse de m’étonner. Elle ne me répond pas et se contente de vider lentement son verre.
- Mais tu veux vraiment le faire ?
- Il m’a proposé de me faire découvrir son appartement. Quelque chose me dit qu’il veut me montrer autre chose.
- Tu lui as dit quoi ?
- Tu verras bien, il arrive.
Et en effet, Thomas reprit place à côté de Aude. Quant à moi, je sentais le jeu m’échapper. Je mobilisais autant de ressources que je pouvais pour reprendre la main. Heureusement, je ne lui avais pas dit ce qui devait se passer après quatre heures. Par conséquent, je me disais que j’allais lui imposer une nouvelle période de contraintes. Ca me permettrait de contrôler la situation. Encore fallait-il que je trouve des idées pour ne pas briser le rythme du jeu.
- Alors Julien? Elle se passe bien ta soirée.
- On ne peut mieux.
- Ah si on peut, dit-il en déposant un baiser sur les lèvres de Julie. Je t’ai vu parler avec deux petites tout à l’heure. Tu ne les as pas invitées à notre table ?
- Non. Elles n’étaient pas très intéressantes.
- Dommage. Enfin surtout pour toi.
Il échange un nouveau baiser avec Aude puis s’adressant à elle :
- Tu as encore envie de danser ?
- Non. Pas tout de suite. Je suis bien là.
- Tu veux peut être qu’on parte.
- Non. Pas tout de suite.
Cette fois c’est elle qui l’embrasse. Un long moment. Et cette fois, je peux nettement voir sa main s’aventurer en haut des cuisses de Thomas et le caresser de manière appuyée.
- Tu vois. Je suis bien là – puis elle se lève et nous lance - bon les garçons je vais faire un tour. Soyez sages.
Alors qu’elle s’éloigne, Thomas est incapable de la quitter des yeux.
- Elle est exceptionnelle ton amie. Je n’ai jamais vu ça.
- Je t’avais prévenu.
- Tu sais qu’elle n’a pas de culotte sous sa robe ?
- Je ne savais pas non.
- Tu sais ce qu’elle m’a fait ?
- Non mais je sens que tu vas me le dire.
- Ca ne te dérange pas au moins ?
- Pourquoi tu veux que ça me dérange.
- Non, je disais ça comme ça. Au cas où.
- Eh bien, qu’est ce qu’elle t’a fait ?
- Quand tu es parti fumer, elle m’a léchée le doigt et m’a demandé de la doigter. Juste là.
A peu près à ce moment, je recevais un texto de Aude. « Jusqu’à quatre heures parles avec lui. Parle lui de ce qu’il a envie de me faire. Ensuite tu devras me raconter. »
En entamant le jeu, je ne m’étais jamais douté que mon amour serait un partenaire aussi doué. Cette soirée me rappelait avec une intensité inouïe la jeune femme que j’avais tout fait pour séduire il y a plus de sept ans. Cette jeune femme que depuis quelques temps je ne retrouvai plus que par intermittences, par détails que le filtre du quotidien ne parvenait pas à retenir. En revanche, ce soir elle était entièrement et complétement là. La même jeune fille, joueuse, séductrice, coquine et par moment perverses. Celle qui pendant un laps de temps m’avait fait m’imaginer que j’étais le dieu de l’amour en personne, tellement elle me stimulait pour que je recommence, pour que je dure, pour que j’explore et que je crée. Elle était revenue et ça me comblait de bonheur. Alors je jouais au jeu.
- Et tu l’as fait ?
- Bien sûr que je l’ai fait. C’est là que j’ai compris qu’elle n’avait rien en dessous. Elle est bouillante cette fille. On dirait qu’elle n’a pas baisée depuis un siècle.
- C’est ton soir de chance on dirait.
Il prend un air contrarié.
- Je ne sais pas. Ca va un peu dépendre de toi ça.
- C’est-à-dire ?
- Bah j’aimerai bien qu’elle vienne chez moi ce soir.
- Tu lui as demandé ?
- Bien sûr que je lui ai demandé.
- Elle a dit quoi ?
- Qu’elle ne savait pas. Que pour l’instant elle voulait être ici.
- Tu as insisté ?
- Oh oui. Elle m’a dit qu’il fallait que je lui donne énormément envie pour qu’elle te laisse seul.
- Et comment je peux t’aider ?
- Bah tu peux faire semblant d’être fatigué et de vouloir rentrer. Ca lui donnera un prétexte pour rentrer avec moi.
- Ca ne marchera pas. Elle sait que je suis insomniaque et aux trois quarts alcoolique. Elle sentira ce que je veux faire et elle déteste qu’on lui force la main.
Il semblait perdu dans ses pensées. Il tentait de résoudre un problème visiblement hors de portée pour lui. Alors je décidais de lui tendre une perche.
- Je crois que Aude t’as dit ce qu’elle attendait.
- C’est-à-dire ?
- Elle t’as demandé de lui donner envie. Alors quand elle revient, isoles toi avec elle. Expliques lui à quel point elle t’excite. Dis lui crûment, tout ce que tu as envie de lui faire. Comment tu as envie de lui faire.
Un peu perplexe, un brin d’optimisme apparut dans sa question :
- Tu crois que ça peut marcher ?
- Ecoutes, elle te chauffe, elle te demande de la doigter et quand tu lui propose de passer aux choses sérieuses elle te dit que tu dois lui donner envie. A ton avis, qu’est ce qu’elle est en train de faire ?
La perplexité venait de décrocher un crochet du gauche fatale à l’optimisme de Thomas :
- Je ne sais pas.
- Elle teste tes limites couillon. Elle veut que tu sois directif, décidé, cru. Elle ne veut pas que tu sois perdu.
Mais l’optimisme refit surface :
- Tu penses que ça va marcher ?
- Bah essayes. Quand elle revient, je vous laisserai en tête à tête.
Je venais de reprendre la main dans le jeu. C’est Thomas, qui à ma demande, allait personnellement dire à Aude ce qu’il avait envie de lui faire. Je restais le maître du jeu et je comptais en profiter. Lorsque Aude refit son apparition, radieuse, il lui restait moins d’un quart d’heure de liberté. Prétextant une soif soudaine, je m’extirpais de mon siège pour me diriger vers le bar et les laisser en tête à tête.
A quatre heures précises, j’envoyais un nouveau message à Aude : « La liberté c’est fini. J’espère que tu en as profité. Voici venu le temps des contraintes. »
Le temps de finir mon verre et j’envoyais un nouveau message :
« Je vais sur la terrasse. Rejoins-moi. Seule !!! »
Avec un retard que je soupçonnais soigneusement calculé, Aude vint me rejoindre en repoussant gentiment mais fermement les sollicitations des hommes qui croisaient son chemin.
Prenant un air guindé, j’engageais les hostilités :
- Alors… Auddeee ! Elle se passe comment votre soirée ?
- Parfait mon Juliiiien. Parfait. Et vous-même ?
- J’apprécie l’instant mon petit. Comme à mon habitude. Et ce Thomas ?
- Il est exquis ma fois.
- A votre goût donc ?
- Ah je ne saurai le dire mon petit Julien. Je ne l’ai pas encore réellement mis en bouche.
- J’ai l’impression qu’il vous tarde de le faire mon petit ?
Elle se contente de me sourire alors qu’elle aspire la fumée, et certainement pour la première fois de la soirée, elle me caresse la main. C’est sa manière à elle de me signifier que le sujet devient sérieux et que nous devrions en discuter avec toute l’attention qu’elle requiert.
[La suite ou non suite du récit dépend de vous lecteurs... Deux options seulement: soit Aude part avec Thomas soit elle ne part pas avec lui. Les dix premier à voter AVEC ou les dix premiers à voter SANS auront gagnés. Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a que deux options qu'il n'y a pas une multitude de possibilités
