- 04 juin 2013, 02:57
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Le week-end inoubliable que nous avions partagés (le-week-end-de-julie-t44082.html), était devenu pour nous une source d’inspiration, un combustible de notre désir où nous piochions allégrement des souvenirs pour mieux s’aimer.
Julie n’hésitait plus à me faire ouvertement part de ses envies. Lorsque nous évoquions les moments qu’elle avait passés avec Thomas et Arnaud, elle employait parfois des termes extrêmement crus pour décrire ce qui l’avait particulièrement marquée. Elle avait une mémoire des détails assez impressionnante et une franchise qui n’était pas loin de me choquer. L’entendre en parler si facilement était encore plus puissant que l’avoir vu faire, plus excitant que les images qui étaient encore gravées dans ma mémoire.
Bien que plus libéré, plus sûre d’elle et de ses envies, Julie ne souhaitait pas pour autant multiplier les rencontres. Oh, bien entendu, elle ne faisait aucun mystère sur le fait qu’il fallait recommencer, que décidément c’était trop bon pour s’en passer. Mais elle ne voulait rien précipiter. Elle avait à l’égard du candaulisme l’attitude de l’amateur de grands cru devant une bouteille légendaire. L’idée d’un jour goûter au nectar est déjà un plaisir en soit. L’acquisition du vin en est un autre. L’attente avant le jour de la dégustation encore un autre. Et vient enfin le bouquet final.
Pour que le plaisir soit total et absolu, un savant dosage de patience et d’action est indispensable. Dissocier et savourer à sa juste valeur chaque étape pour que l’ensemble se transforme en un souvenir indélébile.
Au cours de nos discussions, nous apprenions à mieux connaître les ressorts du plaisir de l’autre. Après huit ans de vie commune, nous pensions à tort pleinement nous connaitre. Désormais, nous prenions le temps d’apprendre avant tout à se connaître soit même avant de se dévoiler à l’autre. Julie me confiait que ce qui lui plaisait était de se laisser faire dans des scénarios où je lui imposais ses choix. Elle me faisait confiance pour savoir que je ne ferai rien qui la mette en danger et donc se sentait en sécurité. En même temps, l’inconnu, la surprise, la certitude que je l’amenai dans les bras d’un autre et que je voulais qu’elle se donne à lui sans retenue, créaient en elle une excitation qu’elle n’avait jamais connue auparavant.
De mon côté, je lui avouais que c’est quand elle prenait des initiatives, quand elle se libérait de mon emprise pour donner libre cours à ses envies, qu’elle me rendait totalement fou de plaisir.
C’est en partant de ces principes, en ayant pour but le plaisir de l’autre, que lentement nous construisions nos futures expériences. Le jeu restait le maitre mot.
La première idée était que désormais, une fois par mois, ni plus ni moins, chacun notre tour, nous allions organiser les Journées de Julie. Nous avions volontairement mis en place une contrainte temporelle. Après plusieurs mois sans la moindre rencontre, il nous fallait trouver une manière de commencer. Nous n’avions en revanche défini aucune autre règle. Les journées pouvaient durer quelques heures ou bien s’étendre sur plusieurs semaines. L’organisateur définissait seul les règles et les objectifs du jeu.
Le tirage au sort me désigna comme l’organisateur pour le mois d'avril. J’avais bien entendu une multitude de scénarios en tête. Et pourtant, au moment d’en proposer un à Julie, j’hésitais. Deux semaines passèrent sans que je ne propose rien. Julie ne m’en parlait jamais. Alors je faisais attention de lui rappeler régulièrement, à chacun de nos rapports, que j’allais bientôt lui proposer un jeu. Pourtant, au fond de moi, je me sentais curieusement incapable de trouver LA bonne idée. Tous les scénarios auxquels je pensais avaient un goût de déjà-vu, des phantasmes qui avaient trop mûris.
J’attendais le train pour Paris. Devant une tasse de café, en relisant pour la énième fois les détails d’un dossier banal mais financièrement trop important pour le sous-estimer, l’idée tant espérée me tomba dessus. Je devins incapable de penser à quoi que ce soit d’autre à partir de ce moment précis. Tout s’encastrait parfaitement. Chaque détail me faisait frissonner.
J’étais arrivé à la conclusion que non seulement dans nos jeux, mais également dans mes phantasmes, je n’avais jamais osé jouer avec une frontière. Je travaille dans un milieu extrêmement macho. Je voulais bien être cocu, je prenais énormément plaisir à l’idée de Julie en train de jouir dans les bras d’un autre. En revanche, il était totalement et absolument exclu que quiconque dans mon entourage proche me considère comme un cocu. Bien entendu, être considéré comme cocu était bien moins grave que si les proches susceptibles de le savoir n’ignoraient rien de mon consentement. Voilà pourquoi j’avais toujours imposé comme règle que les rencontres de Julie n’impliquent jamais une personne susceptible de nous connaitre ou de connaitre des proches. Voilà pourquoi j’insistais pour que les rencontres de Julie se déroulent loin de notre ville, ou avec des gens de passage.
Je décidais qu’il était temps de jouer dangereusement, de menacer cette frontière et peut être de découvrir un nouvel espace de liberté.
Malgré nos expériences, Julie rechignait toujours à se livrer rapidement à de parfaits inconnus. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle rien ne s’était produit durant des mois. Mon plaisir n’était que l’ombre de celui de Julie. Sans le plaisir de Julie, nos jeux faisaient bien mieux de vivre leurs vies de phantasmes. L’idée de jouer avec une personne que nous connaissions s’imposait donc d’elle-même. Le problème restait de trouver cette personne, sachant bien entendu que le jeu devait se dérouler à son insu.
Ainsi, si le jeu allait au bout, ce qui dans tous les cas ne dépendait que de Julie, une personne de mon entourage au moins allait me considérer comme cocu. Cette idée, nouvelle pour moi, était un terrible aphrodisiaque. Je faisais dans ma tête le tour des hommes que nous connaissions susceptibles d’entrer dans l’équation. Et très vite, la vaste liste initiale fondait et se réduisait pratiquement au néant. Il était exclu qu’un membre de ma famille remplisse ce rôle. Un ami n’était pas non plus une option envisageable.
Il y avait bien deux d’entre eux qui je savais qu’ils plaisaient à Julie. L’idée que l’un ou l’autre puisse coucher avec elle était extrêmement excitante. Mais la raison l’emportait assez vite. Je tiens à mes amis, je ne les trompe pas. Les impliquer dans un tel jeu serait les manipuler, les tromper. Et si le jeu allait au bout, c’est l’un d’eux qui me tromperait. Perdre un ami pour assouvir un désir n’était pas le genre de risque que j’avais envie de prendre. En ce qui concerne mes collègues ou clients, l’option était tout aussi exclue. J’ai tout fait pour ne jamais mélanger vie privée et vie professionnelle. Je n’avais pas l’intention de m’écarter de cette règle.
J’appliquais le même raisonnement pour les connaissances de Julie : pas d’amis, pas de collègues et bien évidement pas de membres de sa famille.
Subitement, il devenait très difficile de trouver un candidat potentiel. Et c’est justement dans ce petit café de gare que le visage de l’homme providentiel m’était apparu.
Au mois de février, nous avions organisé une petite fête chez nous. Julie avait invitée des collègues et des amis à elle. Une de ses amies était venue accompagnée d’un homme. Xavier, la trentaine, un grand brun célibataire aux faux airs d’un acteur des années cinquante. Il était cadre dans une grande compagnie d’assurances, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir de la conversation et du savoir vivre. Julie avait été particulièrement attentive lorsque Xavier avait parlé du café qu’il torréfiait lui-même. Plus qu’un hobby, il s’agissait d’une tradition familiale. En sortant de son école de commerce, il avait préféré essayer de faire sa propre carrière sans retourner à l’entreprise familiale. Il en parlait avec une sorte de regret dissimulé dans sa fierté de toujours pratiquer cet art qu’il avait appris dans son enfance.
Sincèrement désireuse de goûter ce café fait maison, Julie avait relancé pendant de longues minutes Xavier sur le sujet. Un Xavier visiblement aussi ravi qu’intarissable.
Quelques jours plus tard, à l’invitation de Julie, Xavier était passé chez nous apporter deux kilos de son café. Lors de cette visite, j’avais senti chez lui quelque chose qui me déplaisait. J’avais mis une nuit à découvrir ce que c’était. Lorsque je me retrouvais en tête à tête avec Xavier, parce que Julie était partie aux toilettes ou préparer le café, il me parlait de sujets qu’il n’évoquait pas devant elle.
En quelques minutes, il avait réussi à se vanter de la nouvelle voiture qu’il avait acheté, des primes qu’il avait obtenues l’année précédente et avait même essayé de suggérer connaitre des gens bien côtés dans mon secteur.
Après mûre réflexion, j’avais casé Xavier dans la case des dérangés obsessionnels. Ce garçon avait décidé pour je ne sais quelle raison qu’il était mon rival. Je suppose que dans son esprit, je devais par mon attitude ou mes propos me poser comme son concurrent. Avant Xavier, je n’avais connu que trois autres cas de ce type. Mais les trois autres avaient au moins le bon sens de me considérer comme leur rival puisque nous étions réellement concurrents dans notre milieu professionnel. Je n’arrivais pas à comprendre ce qui provoquait cette attitude chez Xavier. Sans le connaître, je l’avais accueilli deux fois dans ma maison. Je m’étais montré aimable et attentionné. Je n’avais pas véritablement parlé de mon travail, sinon qu’il m’amenait à beaucoup voyager. Je n’avais à aucun moment évoqué la question de mes revenus, de mes succès ou de mes échecs. Et pourtant, Xavier semblait vouloir pour une raison qui m’échappait, qu’on se compare sur ces sujets. Une sorte de « qui a la plus grosse » version pseudo adulte.
Une psychologie de comptoir m’avait conduit à la conclusion que Xavier m’enviait au moins une chose : le fait que je passe ma vie à voyager et à n’avoir apparemment pas de planning ou de contraintes de temps.
Bien entendu Xavier se trompait. Si j’avais la possibilité de n’effectuer qu’un déplacement professionnel sur les cinq que j’assure, je serais probablement le plus heureux des hommes. Mais Xavier ne pouvait pas le savoir et visiblement il me jalousait suffisamment pour cela. Il souffrait du syndrome de l’enfant gâté, celui qui doit toujours avoir tout mieux que tout le monde et qui n’est jamais satisfait de ce qui est à lui.
Julie n’avait pas assisté à ces discussions. Elle n’avait donc pas vu le visage compétiteur de Xavier. Ce qui me conduisait à l’accréditer d’une bonne dose de perspicacité. S’il s’était comporté de telle façon devant elle, Julie ne l’aurait pas supporté. Or s’il avait été assez attentif pour lire Julie, et s’il prenait autant de précautions pour apparaitre devant elle sous son meilleur jour, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose. Il voulait plaire à Julie, il voulait la séduire. En saupoudrant le tout d’une bonne dose de son côté futilement compétitif, le cocktail devenait purement explosif.
Car lors des absences de Julie, il ne m’avait pas uniquement parlé de son succès professionnel. Il avait aussi réussi à m’expliquer que du temps de ses études il avait niqué la moitié de sa promotion, et lors de son premier poste, « tout ce qui bougeait sur les six étages ». Il avait dissimulé cette vantardise sous le prétexte de vouloir m’expliquer qu’il ne fallait surtout pas coucher avec les gens du travail, qu’il ne referait plus jamais une telle erreur.
Mais en mettant toutes les pièces du puzzle bout à bout, l’image qu’il me renvoyait était tout autre. Julie lui plaisait sinon il n’aurait pas été aussi attentif à elle. Il n’aurait pas autant cherché à lui plaire. Dans le même temps, il me considérait comme son concurrent. Peut-être sur l’aspect professionnel. Sans aucun doute sur l’aspect personnel. Il ne voulait pas mon travail, pas plus que mes déplacements. En revanche, coucher avec Julie, la posséder, lui permettrait de se prouver qu’il est meilleur que moi. Que décidément rien ni personne ne lui résiste. Qu’il est tout simplement le meilleur.
Xavier ne m’inspirait aucune sympathie. Je lui accordais d’indéniables qualités bien servies par un physique qui ne laissait certainement pas les femmes insensibles. Et pourtant, je ne l’avais jamais imaginé en potentiel candidat à nos jeux. Lorsque l’idée prit forme dans ce café de gare, elle me parut éclatante. Je n’avais aucun scrupule à manipuler ce garçon. Comme je savais qu’il n’aurait aucun scrupule à coucher avec Julie. C’était son but. Il suffisait de lui lancer un bon hameçon et il mordrait de toute sa force. L’idée de lui et Julie au lit ensemble avait quelque chose de repoussant. Dans le même temps, savoir que si le jeu allait au bout il considérerait m’avoir cocufié, avec toute la fierté dont il était capable, me procurait une étrange sensation de plaisir.
Bien entendu, toute l’idée n’était valable que si Julie acceptait de jouer le jeu. Et je ne pouvais pas tromper Julie. Je ne pouvais pas lui cacher ce que je pensais de Xavier.
Je commençais par discuter avec elle de l’idée de jouer avec une connaissance commune. Loin de rejeter l’idée, elle se mit rapidement en quête d’un visage. Sa liste rétrécissait aussi rapidement que la mienne. Au final, elle n’avait pas de candidat valable qui lui venait à l’esprit. Elle avait imaginé un de ses collègues de bureau que je connais, avant de rapidement renoncer. Je lui appris que je m’étais déjà livré à ce jeu et que j’avais peut être quelqu’un en tête. Elle voulut connaître le nom immédiatement. Au lieu de quoi je lui proposais de le deviner.
- C’est quelqu’un qu’on connaît sans qu’il soit réellement du cercle de nos amis. Il est plutôt beau. Il plait aux femmes en tout cas. Il a un défaut à mon goût : pour je ne sais quelle raison il se croit en compétition avec moi.
- Comment ça ?
- Disons qu’il ne se comporte pas de la même manière quand lui et moi sommes en tête à tête. Il dévoile d’autres facettes de sa personnalité qu’il dissimule quand tu es là.
- Quels genres ?
- Le genre je suis super fort, j’ai plein d’oseille et je suis un super niqueur avec un CV plus impressionnant que celui de Rocco.
- Super candidat que tu as trouvés dis-donc, dit-elle en riant.
- Je sais, je sais. Le tableau n’est pas flatteur. Mais il y a un vrai potentiel de jeu.
- Expliques moi.
- Ce garçon te veut. Je veux dire, il veut te prendre, te posséder. Il veut se prouver qu’il est le plus fort.
- Et moi je devrai lui faire ce plaisir ?
- En aucun cas. Tu sais très bien que la règle absolue de notre jeu est ton plaisir. Au final, tu ne fais que ce qui te plait.
- J’aime ce concept. Mais comment je vais prendre du plaisir avec quelqu’un que tu me décris de cette façon ?
- Peut-être en jouant avec lui, avec ses envies. Je ne t’ai pas dit de coucher avec lui. Je t’ai dit de jouer.
- C’est vague.
- Mon idée est d’organiser un rendez-vous en tête à tête entre vous. Pendant ce rendez-vous tu devras par allusions lui faire comprendre que tu es ouverte et intéressée.
- Et ensuite ?
- Ensuite tu le laisses faire. Je suis persuadé qu’il n’y aura pas besoin de beaucoup pour qu’il attaque.
- Et une fois qu’il attaque ?
- A toi de voir. Tu joues avec lui. Tu lui fais croire que tout est possible. Ou au contraire tu ne fais rien. Ou si ça ne te plait pas tu arrêtes de jouer.
- L’idée sonne pas mal. Mais je ne sais toujours pas de qui tu parles.
En lui annonçant le prénom de Xavier elle ne chercha pas à masquer sa surprise. Elle ne voyait pas le garçon comme moi. Elle le trouvait charmant. Et elle l’admettait, plutôt agréable à regarder. Elle semblait assez incrédule sur ce que je pensais de lui. Mais l’idée d’un rendez- vous en tête à tête ne lui déplaisait pas. Au contraire. Elle trouvait que j’avais fait un bon choix.
- Si tu penses ça de lui, je suis certaine que tu seras vraiment jaloux de me savoir en tête à tête avec lui.
Julie m’avait vraiment compris. Elle savait exactement ce que je recherchais. Nous passâmes le reste de la soirée à peaufiner les détails de la soirée.
Vendredi après-midi, Julie avait appelé Xavier depuis son lieu de travail. Elle avait pris de ses nouvelles, lui avait encore dit tout le bien qu’elle pensait de son café et lui avait demandé si elle pouvait lui en acheter. Xavier avait refusé catégoriquement de lui vendre quoi que ce soit et lui avait proposé de passer le soir même chez nous pour lui en apporter. Julie lui avait dit que ça la dérangeait qu’il se déplace pour lui apporter gratuitement du café. Tout travail méritait salaire après tout et torréfier du café n’est pas une mince affaire. Xavier n’en démordant pas, Julie lui avait proposé de passer chez lui et d’apporter un dessert qui se marierait à merveille avec son café. Xavier avait immédiatement accepté la proposition.
Julie était arrivée chez lui vers 19h30. Bien entendu, nous avions choisis sa tenue ensemble. Jupe courte, chemisier, chaussures à talons et trench coat bien serré autour de sa taille. Plus tard, elle m’avouera que quand Xavier lui a ouvert, elle a eu l’impression qu’il l’a dévorait des yeux des pieds à la tête.
Très rapidement, Julie lui a avoué que j’étais en déplacement et qu’elle ne se sentait pas de l’accueillir chez nous en mon absence. Peu de temps après, elle avait profité que la discussion tourne encore autour de moi, pour se plaindre de mes fréquents déplacements et des moments si nombreux où elle se retrouvait seule avec la télé.
C’était deux des trois contraintes que j’avais imposé à Julie pour cette soirée. Lancer les hameçons, devenir l’appât. En entendant Julie lui dire qu’elle était gênée de le recevoir chez nous en mon absence, Xavier allait déduire que Julie admettait une certaine ambiguïté dans leur relation. En l’entendant se plaindre de mes absences et de ses moments de solitude, il allait déduire qu’elle demandait de la compagnie. Sa tenue sexy et le fait qu’elle se soit déplacée chez lui un vendredi soir allaient l’amener à conclure qu’elle était ouverte.
Hélas… Xavier se montra excessivement charmant. Un véritable gentleman. Il écouta Julie avec attention. Lui fit part de son opinion. Il soutenait que nous formions un couple formidable et que chaque couple connaissait forcément des hauts et des bas mais qu’il n’avait aucun doute sur notre capacité à surmonter nos problèmes.
Julie passa une soirée plutôt agréable mais Xavier ne se montra à aucun moment entreprenant. Bien au contraire. Il était dès lors inutile de persévérer sur cette voie.
J’étais plutôt déçu de cette tentative sans succès. Et alors que j’essayais d’échafauder des plans pour une prochaine soirée, le destin, mais surtout le caractère de Julie, décidèrent de nous donner un coup de main.
Quelques semaines avant ce diner avec Xavier, elle m’avait raconté qu’un collègue et un bon ami à elle se comportait de plus en plus étrangement. Je connaissais cet ami de Julie. Nous l’appellerons Lucas. Je connaissais également sa copine, Maria. Nous nous retrouvions souvent ensemble lors de soirées et je les appréciais les deux. Pour moi, les deux étaient exclus des catégories de cibles potentielles pour nos jeux du fait des relations personnelles et professionnelles que nous entretenions.
Bien entendu, Julie les fréquentait plus souvent que moi. Etant souvent en déplacements, je n’avais que rarement l’occasion de me rendre aux différentes soirées et sorties en ville. Lors d’une de ces sorties entre amis, et alors que Maria n’était pas là, il lui avait avoué qu’il avait trompé sa copine au moins une dizaine de fois pendant les cinq ans de leur vie commune. Et il avait profité pour glisser pas mal d’insinuations plutôt directes sur son désir d’ajouter Julie à la liste. Julie l’avait gentiment rembarré, mettant cet excès de confidentialité sur le compte de l’alcool.
Une semaine après le diner chez Xavier, j’étais de nouveau en déplacement. Julie s’était rendue à une soirée entre amis et bien entendu Lucas y était aussi. Au cours de la soirée, Julie m’avait appelé deux fois pour me dire les bars qu’ils visitaient et histoire que je ne m’inquiète pas. Finalement, elle m’avait contactée aux alentours de cinq heures du matin pour me dire qu’elle était bien rentrée. Immédiatement mes signaux d’alertes s’étaient allumés. Les bars où elle avait été fermaient tous à deux heures du matin. Que s’était-il passé entre temps ? De plus, elle avait une voix que je trouvais « étrange » sans savoir l’expliquer. Une voix que j’avais déjà entendue au moins une fois dans ma vie.
Je décidais de ne pas la questionner me disant que si quelque chose s’était produit elle me le dirait bien d’elle-même.
Le lendemain, elle m’appelait à midi. Je travaillais sur un dossier et je ne décrochais pas. En général elle sait que je rappel dès que je peux après un appel en absence. Mais là, elle insista de nouveau immédiatement après l’appel manqué.
Mon radar fonctionnait encore. La veille, lorsqu’elle m’avait appelé, Lucas était dans notre appartement. Il avait demandé de monter sous un prétexte fallacieux et elle avait acceptée qu’il monte. Lorsqu’elle avait raccroché, ils avaient passés encore une heure ensemble. Une heure pendant laquelle ils s’étaient embrassés et avaient discutés. Mais elle avait refusée d’aller plus loin. Maria était son amie. Et elle n’allait pas coucher dans notre appartement alors que je n’étais pas là. Bien entendu Lucas avait insisté mais elle avait réussie à le mettre dehors pratiquement en le trainant. Lorsqu’il était finalement parti, elle est allée immédiatement se masturber au lit en pensant à lui.
Cette fois, il ne s’agissait pas de jeu mais d’une sorte d’accident de la vie. Julie sait de la liberté dont elle jouit dans notre relation et elle avait décidée de se laisser faire et d’en profiter. Mais ce coup-ci, il d’agissait d’un couple d’amis dont l’homme voulait coucher avec elle dans le dos de Maria. Elle n’avait pas pu l’accepter bien qu’elle m’avoua avoir longuement hésité. Julie passa la journée du lendemain à culpabiliser. Elle m’envoyait les textos de Lucas me disant qu’elle ne savait pas quoi lui répondre.
Julie n’avait pas envie de jouer avec Lucas. La situation l’avait excitée. L’idée de coucher avec lui également. Mais en imaginant les possibles conséquences, elle avait mis un grand coup de frein dicté par sa raison.
Je passais encore quelques jours en déplacement. Nous étions régulièrement au téléphone, et Julie ne répondait plus aux messages de Lucas. Elle l’évitait, y compris au bureau. De mon côté, j’étais absorbé par mon travail. Les dossiers en cours étaient trop importants pour me permettre de me disperser. Aimer son travail et le faire à fond est parfois un problème car à ce moment précis rien d’autre n’existe. Pas même la libido. Je soutenais Julie autant que je pouvais mais je restais concentré sur ce que j’avais à faire sans trop réfléchir à la situation.
Durant le vol du retour, la libido revint en flèche. Les dossiers étaient tous en bonne voie et je n’avais rien d’urgent à gérer. Au deuxième verre de vin blanc à plus de dix mille mètres d’altitude je ne pensais plus qu’au sexe et aux perspectives qu’ouvrait cette nouvelle situation. Une multitude de scénarios s’entrechoquaient dans ma tête. Mais à chaque fois je devais composer avec les réticences de Julie. Arrivé chez moi, j’avais déjà un plan bien précis dans ma tête.
Lucas n’en menait pas large. En cinq minutes, il n’avait pas encore osé me regarder dans les yeux. Il avait été très surpris de recevoir mon appel. Il n’avait tout simplement pas su comment réagir ni quoi dire. Il avait balbutié en acceptant le rendez-vous que je lui proposais. Et maintenant que nous étions face à face, j’avais l’impression que c’était pire. Ca finit par me mettre mal à l’aise à mon tour au point où je ne savais plus ce que je faisais là. Cette conversation je l’avais répété des dizaines de fois dans ma tête. Et subitement, plus aucun son ne sortait de ma bouche. Je devais fournir l’effort de me reprendre rapidement. Lucas n’allait pas diriger la discussion. C’était évident. Et plus je tarderai à lancer le sujet moins ça deviendrait évident de le faire. J’appliquais donc une méthode simple. Commencer par des phrases courtes qui n’appellent pas spécialement de commentaire.
- Je sais ce qui s’est passé avec Julie.
Lucas ne dit rien. Son regard qui jusque-là se contentait de fuir sagement le mien semblait à présent vouloir creuser le béton pour s’y réfugier.
- Ce n’est pas grave.
Il y eut un temps de latence avant que Lucas ne réagisse. Sa tête se souleva légèrement et son regard cessa ses travaux de forage.
- Je suis désolé. Excuses moi !
Sa voix était à peine audible. Mais au moins j’avais réussi à le faire parler du bon sujet.
- Je te dis que ce n’est pas grave. Je n’ai rien à te pardonner. Julie est une grande fille. Elle sait ce qu’elle fait.
La tête de Lucas se leva. Son regard croisa enfin le mien. Et une vraie discussion s’engagea. Même si par moments il me fuyait encore, parfois sans doute se demandant si je n’étais pas tout simplement en train de me moquer de lui, Lucas participait à la discussion. Il ne me quitta plus des yeux après que je lui ai dit :
- Bah écoutes. J’ai peut-être une idée à te proposer.
Julie était dans la phase où elle jurait ses grands dieux que ce garçon ne l’intéressait absolument pas. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi elle l’avait laissé monter, seul, à quatre heure du matin ni pourquoi elle avait passée plus d’une heure à s’embrasser avec lui. Sa franchise n’allait pas non plus au point d’expliquer les détails. A croire son explication, ils se seraient embrassés pendant une heure, dans notre salon, sans rien faire d’autre. Parler de temps en temps avait-elle finalement admis. Mais quand je lui demandais d’être plus explicite, c’est comme si ils avaient parlés de la pluie et du beau temps. Aucun détail. Rien. Elle les gardait pour elle. Et cette attitude finissait d’une façon ou d’une autre par m’inquiéter.
Dans la même situation, lorsque je suis Lucas, la fille qui est devant moi et que je dois convaincre encore un peu, je lui parle de tout. Excepté bien entendu d’absolument tout ce qui ne concerne pas le sexe. Et dans cent pour cent des cas où j’ai eu ma langue dans la bouche d’une demoiselle pour la première fois, y compris dans le cas de Julie, systématiquement elles ont parlés des mêmes sujets avec moi.
Oui, Julie refusait de me livrer les détails les plus croustillants. Ils étaient pour elle et pour Lucas. Et lorsque j’essayais de le lui faire remarquer, elle se recroquevillait instantanément en position défensive, devenant même par moments agressive. Je décidais de lui laisser de l’espace et trouver un moment plus opportun pour avoir une réelle discussion avec elle.
Et lorsque le moment se présenta, comme d’habitude, c’était encore à moi d’amener la conversation. Je devais faire de longs raisonnements, lui poser de nombreuses questions pour petit à petit l’amener à conclure d’elle-même ce qu’elle refusait de s’avouer.
Elle finit par me dire :
- Oui, j’ai envie de me taper Lucas! Mais c’est juste impossible.
Comme d’habitude, l’aveu provoqua chez moi une érection d’une intensité rare et sans trop perdre de temps je l’en fis profiter. Pourtant, après l’action, j’étais forcé d’admettre que la situation posait pas mal de problème. Ils allaient tous contre les règles que je m’étais fixé. L’idée de repousser les limites, de prendre des risques, a des effets terriblement positifs sur la libido. Toutefois, la raison revient vite à la charge. En tout cas chez moi. Un système d’alarmes très complexe et sophistiqué, reposant essentiellement sur l’expérience, se met automatiquement en marche et m’indique tous les écueils à venir.
Lorsqu’une fille me plait, j’ai envie d’elle instantanément. Que l’histoire aille plus loin où s’arrête au simple stade de la contemplation admirative, cette fille disparaît aussi rapidement de mon esprit qu’elle y est entrée. Depuis que je connais Julie, une seule fille a réussie à rester dans ma tête plus de quarante-huit heures. Et cela m’avait inquiété. Chaque fille, chaque femme que je croise, je la fais systématiquement passer par une évaluation extrêmement pointue du désir sexuel qu’elle suscite chez moi. L’évaluation dure rarement plus d’une fraction de seconde. Et à partir de là, mon monde féminin se divise en deux catégories : celles que j’ai envie de baiser et les autres.
Chez Julie le fonctionnement est différent. Elle fait également passer un test similaire mais la question qu’elle se pose est différente. Est-ce que je lui plais ou non ? Voilà la question que Julie se pose. Et Julie a envie de plaire. Pour que Julie parvienne à la conclusion qu’elle se taperait bien untel, c’est qu’elle a laissée mûrir la situation. Rarement des jours, parfois des semaines, la plupart du temps des mois voire des années.
Voilà ce qui m’inquiète le plus chez Julie. La rencontre sexuelle chez elle est précédée de tout un processus psychologique que je suis incapable d’appréhender. C’est surtout les conséquences après la rencontre qui sont totalement imprévisibles pour moi. Puisque Julie laisse mûrir les situations aussi longtemps, la rencontre sexuelle n’est que l’explosion d’une frustration longtemps maîtrisée. Une frustration qui sublime la première rencontre et qui la transforme en début de quelque chose de neuf et jamais en finalité.
Prendre la décision de continuer à jouer dans ces circonstances c’est clairement faire le choix d’une prise de risque non maîtrisé, jamais sous contrôle, bref tout ce que je ne supporte pas. Et pourtant…
Ce samedi-là, sans l’avertir, j’avais réservé une après-midi de soins complets pour Julie dans un de ces centres de bien être qui ont fleuris un peu partout. Je n’aime pas ces endroits mais puisque Julie adore qu’on s’occupe d’elle, j’avais accepté de me laisser masser, gommer et que sais-je encore. En sortant du centre, et après un bref passage à la maison où je lui avais fortement suggéré d’enfiler une tenue ultra chic et ultra sexy, elle commença sérieusement à se douter que finalement je mijotais quelque chose de bien précis. Durant le diner au restaurant, elle parvint uniquement à me faire admettre qu’on était en train de vivre la première « journée de Julie ».
- Est-ce que tu te sens d’être dans les bras d’un autre cette nuit ?
- Ca dépend. Quel autre ?
- Ce n’est pas ma question. Est-ce que dans l’absolu tu te sens d’être dans les bras d’un autre ?
- Oui. Pourquoi pas. Je me sens de tout ce soir.
La deuxième bouteille de champagne avait finalement eu l’effet escompté. Julie faisait tout pour savoir ce que j’avais planifié pour la suite. Mais je refusais de lui en dire plus. Elle essaya de savoir si je comptais l’emmener en boite ? Voir même en club libertin ? De mon côté, je jouais sur chacune de ses propositions pour essayer de faire monter son désir. A chacune de ses propositions, je lui demandais de me décrire ce qui lui plairait si en effet on allait en boite de nuit ou en club libertin. La discussion était souvent interrompue par le va et vient incessant des serveurs ou la proximité des voisins de tables. Julie jouait le jeu. Même lorsque je lui demandais de me décrire l’éventuel heureux élu. Qui hélas ne correspondait que fort peu au réel.
En quittant le restaurant, Julie était d’humeur resplendissante. Je la sentais plus ouverte que jamais à l’idée de jouer. Et cela me donnait des frissons. La surprise sur son visage lorsqu’elle comprit que je me garais réellement en bas de chez nous me fit vraiment rire. En arrivant dans l’appartement, je la dirigeais vers le salon. Alors que je m’apprêtais à déboucher une autre bouteille de champagne, elle me demande depuis le canapé :
- Finalement c’est une soirée en tête à tête que tu as prévu ?
- Pourquoi ? Tu es déçue ?
- Bien sûr que non ! C’est un très bon scénario. Et tu m’as bien fait marcher.
Je sentais néanmoins un peu de déception dans sa voix et son attitude. Depuis deux heures elle se préparait mentalement à la possibilité d’une nouvelle rencontre, d’un jeu que j’avais longuement préparé, pour finalement se retrouver en tête à tête avec moi. Je lui tendis sa coupe de champagne et la fit se lever pour trinquer. Puis après la première gorgée, je pris sa place sur le canapé.
- Tu veux bien enlever ta robe pour moi ?
Elle me fit un clin d’œil avant de se dépêcher de la retirer.
- Non. Plus lentement !
- Vos désirs sont des ordres monsieur.
Elle prit son temps pour la retirer simulant une sorte de danse de strip tease burlesque et éclatant franchement de rire lorsqu’elle se retrouva à se débattre avec la fermeture éclair. Finalement, elle se retrouva debout, seins nu, en bas et escarpins devant moi et ma coupe de champagne.
- Tournes toi. Puis retire doucement ce string inutile en te penchant bien en avant.
Elle s’exécuta et je commençais à avoir un vrai début d’érection.
- Allonges toi sur le canapé et écartes te jambes.
Sans un baiser, sans une caresse, je m’agenouillais devant elle et entrepris directement de lui lécher le minou. Sans précipitation, je fis jouer ma langue et ma bouche sur son sexe. Et lorsque finalement elle laissa échapper les premiers signes de plaisir, que son ventre se mit à onduler et que sa respiration se fit plus saccadée, je me permis d’utiliser mes doigts. Aucune pénétration. Juste une caresse en surface accompagnant ma langue. Exaspérée, elle se mit à coups de reins à rechercher ce que je lui refusais : mon doigt. Sans arrêter de la lécher, je tendis le doigt à l’entrée de sa chatte et cessais de bouger la main. Petit à petit elle vint l’avaler avec son sexe tout en tournant autour. Lorsque finalement le doigt disparut entièrement en elle, je repris l’initiative. Ma langue la caressait à l'extérieur, mes doigts à l'intérieur et rapidement ses soupirs ressemblaient de plus en plus à des cris. Puis brusquement, sentant qu’elle n’allait pas tarder à jouir, je me retirais.
- Pourquoi ?
Dans un état d’absolue frustration c’est tout ce qu’elle fut capable de murmurer.
- Tu veux jouer ?
- Bah oui, bien sûr que je veux jouer. Mais là t’es pas gentil du tout de me faire ça.
- Comprends-moi bien. Est-ce que tu veux continuer à jouer le jeu spécial, celui de la journée de Julie.
Je lus la surprise sur son visage mais très vite elle me répondit :
- Oui. Oui. Je veux jouer n’importe quels jeux que tu voudras. Mais ne t’arrêtes pas comme ça.
- Tu respecteras mes règles du jeu et tu ne me posera aucune question ?
- Oui, promis !
- Alors lèves toi.
Elle m’obéit en rechignant. Pendant ce temps, je manipulais son téléphone. En lui tendant je lui dis :
- Règle numéro 1 : jusqu’à ce que l’alarme sonne, dans précisément une heure, tu n’as pas le droit de retirer ni tes escarpins ni tes bas.
- Je n’ai aucune envie de le faire, me dit-elle en se saisissant de l’appareil.
- Très bien. Règle numéro 2 : jusqu’à ce que l’alarme sonne, tu n’as pas le droit de rajouter le moindre vêtement sur toi.
- Ca non plus je n’ai pas envie de le faire.
- Formidable. Règle numéro 3 et dernière règle, pour le moment : tu vas aller dans notre chambre, tu vas fermer la porte derrière toi, et jusqu’à ce que l’alarme sonne, tu n’as pas le droit d’en sortir.
Elle semblait perplexe et perdue.
- Et toi tu fais quoi ? Tu te branles dans le salon ?
- Aucune question. Juste respecte ces trois règles.
Je l’embrassais tendrement puis la poussais vers la porte de notre chambre. Elle se résigna à y aller et je ne perdis à aucun moment de vue ses longues jambes et ses fesses. J’avais une trique d’enfer. Alors qu’elle s’enfonçait dans la pénombre de la chambre et qu’elle fermait la porte derrière elle, j’avais l’impression de vivre la scène au ralenti. Une envie incroyable de la prendre violemment et dans toutes les positions possibles me déchirait les entrailles. Mais j’avais décidé que ce droit n’allait pas m’appartenir pendant au moins la prochaine heure.
Julie n’hésitait plus à me faire ouvertement part de ses envies. Lorsque nous évoquions les moments qu’elle avait passés avec Thomas et Arnaud, elle employait parfois des termes extrêmement crus pour décrire ce qui l’avait particulièrement marquée. Elle avait une mémoire des détails assez impressionnante et une franchise qui n’était pas loin de me choquer. L’entendre en parler si facilement était encore plus puissant que l’avoir vu faire, plus excitant que les images qui étaient encore gravées dans ma mémoire.
Bien que plus libéré, plus sûre d’elle et de ses envies, Julie ne souhaitait pas pour autant multiplier les rencontres. Oh, bien entendu, elle ne faisait aucun mystère sur le fait qu’il fallait recommencer, que décidément c’était trop bon pour s’en passer. Mais elle ne voulait rien précipiter. Elle avait à l’égard du candaulisme l’attitude de l’amateur de grands cru devant une bouteille légendaire. L’idée d’un jour goûter au nectar est déjà un plaisir en soit. L’acquisition du vin en est un autre. L’attente avant le jour de la dégustation encore un autre. Et vient enfin le bouquet final.
Pour que le plaisir soit total et absolu, un savant dosage de patience et d’action est indispensable. Dissocier et savourer à sa juste valeur chaque étape pour que l’ensemble se transforme en un souvenir indélébile.
Au cours de nos discussions, nous apprenions à mieux connaître les ressorts du plaisir de l’autre. Après huit ans de vie commune, nous pensions à tort pleinement nous connaitre. Désormais, nous prenions le temps d’apprendre avant tout à se connaître soit même avant de se dévoiler à l’autre. Julie me confiait que ce qui lui plaisait était de se laisser faire dans des scénarios où je lui imposais ses choix. Elle me faisait confiance pour savoir que je ne ferai rien qui la mette en danger et donc se sentait en sécurité. En même temps, l’inconnu, la surprise, la certitude que je l’amenai dans les bras d’un autre et que je voulais qu’elle se donne à lui sans retenue, créaient en elle une excitation qu’elle n’avait jamais connue auparavant.
De mon côté, je lui avouais que c’est quand elle prenait des initiatives, quand elle se libérait de mon emprise pour donner libre cours à ses envies, qu’elle me rendait totalement fou de plaisir.
C’est en partant de ces principes, en ayant pour but le plaisir de l’autre, que lentement nous construisions nos futures expériences. Le jeu restait le maitre mot.
La première idée était que désormais, une fois par mois, ni plus ni moins, chacun notre tour, nous allions organiser les Journées de Julie. Nous avions volontairement mis en place une contrainte temporelle. Après plusieurs mois sans la moindre rencontre, il nous fallait trouver une manière de commencer. Nous n’avions en revanche défini aucune autre règle. Les journées pouvaient durer quelques heures ou bien s’étendre sur plusieurs semaines. L’organisateur définissait seul les règles et les objectifs du jeu.
Le tirage au sort me désigna comme l’organisateur pour le mois d'avril. J’avais bien entendu une multitude de scénarios en tête. Et pourtant, au moment d’en proposer un à Julie, j’hésitais. Deux semaines passèrent sans que je ne propose rien. Julie ne m’en parlait jamais. Alors je faisais attention de lui rappeler régulièrement, à chacun de nos rapports, que j’allais bientôt lui proposer un jeu. Pourtant, au fond de moi, je me sentais curieusement incapable de trouver LA bonne idée. Tous les scénarios auxquels je pensais avaient un goût de déjà-vu, des phantasmes qui avaient trop mûris.
J’attendais le train pour Paris. Devant une tasse de café, en relisant pour la énième fois les détails d’un dossier banal mais financièrement trop important pour le sous-estimer, l’idée tant espérée me tomba dessus. Je devins incapable de penser à quoi que ce soit d’autre à partir de ce moment précis. Tout s’encastrait parfaitement. Chaque détail me faisait frissonner.
J’étais arrivé à la conclusion que non seulement dans nos jeux, mais également dans mes phantasmes, je n’avais jamais osé jouer avec une frontière. Je travaille dans un milieu extrêmement macho. Je voulais bien être cocu, je prenais énormément plaisir à l’idée de Julie en train de jouir dans les bras d’un autre. En revanche, il était totalement et absolument exclu que quiconque dans mon entourage proche me considère comme un cocu. Bien entendu, être considéré comme cocu était bien moins grave que si les proches susceptibles de le savoir n’ignoraient rien de mon consentement. Voilà pourquoi j’avais toujours imposé comme règle que les rencontres de Julie n’impliquent jamais une personne susceptible de nous connaitre ou de connaitre des proches. Voilà pourquoi j’insistais pour que les rencontres de Julie se déroulent loin de notre ville, ou avec des gens de passage.
Je décidais qu’il était temps de jouer dangereusement, de menacer cette frontière et peut être de découvrir un nouvel espace de liberté.
Malgré nos expériences, Julie rechignait toujours à se livrer rapidement à de parfaits inconnus. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle rien ne s’était produit durant des mois. Mon plaisir n’était que l’ombre de celui de Julie. Sans le plaisir de Julie, nos jeux faisaient bien mieux de vivre leurs vies de phantasmes. L’idée de jouer avec une personne que nous connaissions s’imposait donc d’elle-même. Le problème restait de trouver cette personne, sachant bien entendu que le jeu devait se dérouler à son insu.
Ainsi, si le jeu allait au bout, ce qui dans tous les cas ne dépendait que de Julie, une personne de mon entourage au moins allait me considérer comme cocu. Cette idée, nouvelle pour moi, était un terrible aphrodisiaque. Je faisais dans ma tête le tour des hommes que nous connaissions susceptibles d’entrer dans l’équation. Et très vite, la vaste liste initiale fondait et se réduisait pratiquement au néant. Il était exclu qu’un membre de ma famille remplisse ce rôle. Un ami n’était pas non plus une option envisageable.
Il y avait bien deux d’entre eux qui je savais qu’ils plaisaient à Julie. L’idée que l’un ou l’autre puisse coucher avec elle était extrêmement excitante. Mais la raison l’emportait assez vite. Je tiens à mes amis, je ne les trompe pas. Les impliquer dans un tel jeu serait les manipuler, les tromper. Et si le jeu allait au bout, c’est l’un d’eux qui me tromperait. Perdre un ami pour assouvir un désir n’était pas le genre de risque que j’avais envie de prendre. En ce qui concerne mes collègues ou clients, l’option était tout aussi exclue. J’ai tout fait pour ne jamais mélanger vie privée et vie professionnelle. Je n’avais pas l’intention de m’écarter de cette règle.
J’appliquais le même raisonnement pour les connaissances de Julie : pas d’amis, pas de collègues et bien évidement pas de membres de sa famille.
Subitement, il devenait très difficile de trouver un candidat potentiel. Et c’est justement dans ce petit café de gare que le visage de l’homme providentiel m’était apparu.
Au mois de février, nous avions organisé une petite fête chez nous. Julie avait invitée des collègues et des amis à elle. Une de ses amies était venue accompagnée d’un homme. Xavier, la trentaine, un grand brun célibataire aux faux airs d’un acteur des années cinquante. Il était cadre dans une grande compagnie d’assurances, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir de la conversation et du savoir vivre. Julie avait été particulièrement attentive lorsque Xavier avait parlé du café qu’il torréfiait lui-même. Plus qu’un hobby, il s’agissait d’une tradition familiale. En sortant de son école de commerce, il avait préféré essayer de faire sa propre carrière sans retourner à l’entreprise familiale. Il en parlait avec une sorte de regret dissimulé dans sa fierté de toujours pratiquer cet art qu’il avait appris dans son enfance.
Sincèrement désireuse de goûter ce café fait maison, Julie avait relancé pendant de longues minutes Xavier sur le sujet. Un Xavier visiblement aussi ravi qu’intarissable.
Quelques jours plus tard, à l’invitation de Julie, Xavier était passé chez nous apporter deux kilos de son café. Lors de cette visite, j’avais senti chez lui quelque chose qui me déplaisait. J’avais mis une nuit à découvrir ce que c’était. Lorsque je me retrouvais en tête à tête avec Xavier, parce que Julie était partie aux toilettes ou préparer le café, il me parlait de sujets qu’il n’évoquait pas devant elle.
En quelques minutes, il avait réussi à se vanter de la nouvelle voiture qu’il avait acheté, des primes qu’il avait obtenues l’année précédente et avait même essayé de suggérer connaitre des gens bien côtés dans mon secteur.
Après mûre réflexion, j’avais casé Xavier dans la case des dérangés obsessionnels. Ce garçon avait décidé pour je ne sais quelle raison qu’il était mon rival. Je suppose que dans son esprit, je devais par mon attitude ou mes propos me poser comme son concurrent. Avant Xavier, je n’avais connu que trois autres cas de ce type. Mais les trois autres avaient au moins le bon sens de me considérer comme leur rival puisque nous étions réellement concurrents dans notre milieu professionnel. Je n’arrivais pas à comprendre ce qui provoquait cette attitude chez Xavier. Sans le connaître, je l’avais accueilli deux fois dans ma maison. Je m’étais montré aimable et attentionné. Je n’avais pas véritablement parlé de mon travail, sinon qu’il m’amenait à beaucoup voyager. Je n’avais à aucun moment évoqué la question de mes revenus, de mes succès ou de mes échecs. Et pourtant, Xavier semblait vouloir pour une raison qui m’échappait, qu’on se compare sur ces sujets. Une sorte de « qui a la plus grosse » version pseudo adulte.
Une psychologie de comptoir m’avait conduit à la conclusion que Xavier m’enviait au moins une chose : le fait que je passe ma vie à voyager et à n’avoir apparemment pas de planning ou de contraintes de temps.
Bien entendu Xavier se trompait. Si j’avais la possibilité de n’effectuer qu’un déplacement professionnel sur les cinq que j’assure, je serais probablement le plus heureux des hommes. Mais Xavier ne pouvait pas le savoir et visiblement il me jalousait suffisamment pour cela. Il souffrait du syndrome de l’enfant gâté, celui qui doit toujours avoir tout mieux que tout le monde et qui n’est jamais satisfait de ce qui est à lui.
Julie n’avait pas assisté à ces discussions. Elle n’avait donc pas vu le visage compétiteur de Xavier. Ce qui me conduisait à l’accréditer d’une bonne dose de perspicacité. S’il s’était comporté de telle façon devant elle, Julie ne l’aurait pas supporté. Or s’il avait été assez attentif pour lire Julie, et s’il prenait autant de précautions pour apparaitre devant elle sous son meilleur jour, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose. Il voulait plaire à Julie, il voulait la séduire. En saupoudrant le tout d’une bonne dose de son côté futilement compétitif, le cocktail devenait purement explosif.
Car lors des absences de Julie, il ne m’avait pas uniquement parlé de son succès professionnel. Il avait aussi réussi à m’expliquer que du temps de ses études il avait niqué la moitié de sa promotion, et lors de son premier poste, « tout ce qui bougeait sur les six étages ». Il avait dissimulé cette vantardise sous le prétexte de vouloir m’expliquer qu’il ne fallait surtout pas coucher avec les gens du travail, qu’il ne referait plus jamais une telle erreur.
Mais en mettant toutes les pièces du puzzle bout à bout, l’image qu’il me renvoyait était tout autre. Julie lui plaisait sinon il n’aurait pas été aussi attentif à elle. Il n’aurait pas autant cherché à lui plaire. Dans le même temps, il me considérait comme son concurrent. Peut-être sur l’aspect professionnel. Sans aucun doute sur l’aspect personnel. Il ne voulait pas mon travail, pas plus que mes déplacements. En revanche, coucher avec Julie, la posséder, lui permettrait de se prouver qu’il est meilleur que moi. Que décidément rien ni personne ne lui résiste. Qu’il est tout simplement le meilleur.
Xavier ne m’inspirait aucune sympathie. Je lui accordais d’indéniables qualités bien servies par un physique qui ne laissait certainement pas les femmes insensibles. Et pourtant, je ne l’avais jamais imaginé en potentiel candidat à nos jeux. Lorsque l’idée prit forme dans ce café de gare, elle me parut éclatante. Je n’avais aucun scrupule à manipuler ce garçon. Comme je savais qu’il n’aurait aucun scrupule à coucher avec Julie. C’était son but. Il suffisait de lui lancer un bon hameçon et il mordrait de toute sa force. L’idée de lui et Julie au lit ensemble avait quelque chose de repoussant. Dans le même temps, savoir que si le jeu allait au bout il considérerait m’avoir cocufié, avec toute la fierté dont il était capable, me procurait une étrange sensation de plaisir.
Bien entendu, toute l’idée n’était valable que si Julie acceptait de jouer le jeu. Et je ne pouvais pas tromper Julie. Je ne pouvais pas lui cacher ce que je pensais de Xavier.
Je commençais par discuter avec elle de l’idée de jouer avec une connaissance commune. Loin de rejeter l’idée, elle se mit rapidement en quête d’un visage. Sa liste rétrécissait aussi rapidement que la mienne. Au final, elle n’avait pas de candidat valable qui lui venait à l’esprit. Elle avait imaginé un de ses collègues de bureau que je connais, avant de rapidement renoncer. Je lui appris que je m’étais déjà livré à ce jeu et que j’avais peut être quelqu’un en tête. Elle voulut connaître le nom immédiatement. Au lieu de quoi je lui proposais de le deviner.
- C’est quelqu’un qu’on connaît sans qu’il soit réellement du cercle de nos amis. Il est plutôt beau. Il plait aux femmes en tout cas. Il a un défaut à mon goût : pour je ne sais quelle raison il se croit en compétition avec moi.
- Comment ça ?
- Disons qu’il ne se comporte pas de la même manière quand lui et moi sommes en tête à tête. Il dévoile d’autres facettes de sa personnalité qu’il dissimule quand tu es là.
- Quels genres ?
- Le genre je suis super fort, j’ai plein d’oseille et je suis un super niqueur avec un CV plus impressionnant que celui de Rocco.
- Super candidat que tu as trouvés dis-donc, dit-elle en riant.
- Je sais, je sais. Le tableau n’est pas flatteur. Mais il y a un vrai potentiel de jeu.
- Expliques moi.
- Ce garçon te veut. Je veux dire, il veut te prendre, te posséder. Il veut se prouver qu’il est le plus fort.
- Et moi je devrai lui faire ce plaisir ?
- En aucun cas. Tu sais très bien que la règle absolue de notre jeu est ton plaisir. Au final, tu ne fais que ce qui te plait.
- J’aime ce concept. Mais comment je vais prendre du plaisir avec quelqu’un que tu me décris de cette façon ?
- Peut-être en jouant avec lui, avec ses envies. Je ne t’ai pas dit de coucher avec lui. Je t’ai dit de jouer.
- C’est vague.
- Mon idée est d’organiser un rendez-vous en tête à tête entre vous. Pendant ce rendez-vous tu devras par allusions lui faire comprendre que tu es ouverte et intéressée.
- Et ensuite ?
- Ensuite tu le laisses faire. Je suis persuadé qu’il n’y aura pas besoin de beaucoup pour qu’il attaque.
- Et une fois qu’il attaque ?
- A toi de voir. Tu joues avec lui. Tu lui fais croire que tout est possible. Ou au contraire tu ne fais rien. Ou si ça ne te plait pas tu arrêtes de jouer.
- L’idée sonne pas mal. Mais je ne sais toujours pas de qui tu parles.
En lui annonçant le prénom de Xavier elle ne chercha pas à masquer sa surprise. Elle ne voyait pas le garçon comme moi. Elle le trouvait charmant. Et elle l’admettait, plutôt agréable à regarder. Elle semblait assez incrédule sur ce que je pensais de lui. Mais l’idée d’un rendez- vous en tête à tête ne lui déplaisait pas. Au contraire. Elle trouvait que j’avais fait un bon choix.
- Si tu penses ça de lui, je suis certaine que tu seras vraiment jaloux de me savoir en tête à tête avec lui.
Julie m’avait vraiment compris. Elle savait exactement ce que je recherchais. Nous passâmes le reste de la soirée à peaufiner les détails de la soirée.
Vendredi après-midi, Julie avait appelé Xavier depuis son lieu de travail. Elle avait pris de ses nouvelles, lui avait encore dit tout le bien qu’elle pensait de son café et lui avait demandé si elle pouvait lui en acheter. Xavier avait refusé catégoriquement de lui vendre quoi que ce soit et lui avait proposé de passer le soir même chez nous pour lui en apporter. Julie lui avait dit que ça la dérangeait qu’il se déplace pour lui apporter gratuitement du café. Tout travail méritait salaire après tout et torréfier du café n’est pas une mince affaire. Xavier n’en démordant pas, Julie lui avait proposé de passer chez lui et d’apporter un dessert qui se marierait à merveille avec son café. Xavier avait immédiatement accepté la proposition.
Julie était arrivée chez lui vers 19h30. Bien entendu, nous avions choisis sa tenue ensemble. Jupe courte, chemisier, chaussures à talons et trench coat bien serré autour de sa taille. Plus tard, elle m’avouera que quand Xavier lui a ouvert, elle a eu l’impression qu’il l’a dévorait des yeux des pieds à la tête.
Très rapidement, Julie lui a avoué que j’étais en déplacement et qu’elle ne se sentait pas de l’accueillir chez nous en mon absence. Peu de temps après, elle avait profité que la discussion tourne encore autour de moi, pour se plaindre de mes fréquents déplacements et des moments si nombreux où elle se retrouvait seule avec la télé.
C’était deux des trois contraintes que j’avais imposé à Julie pour cette soirée. Lancer les hameçons, devenir l’appât. En entendant Julie lui dire qu’elle était gênée de le recevoir chez nous en mon absence, Xavier allait déduire que Julie admettait une certaine ambiguïté dans leur relation. En l’entendant se plaindre de mes absences et de ses moments de solitude, il allait déduire qu’elle demandait de la compagnie. Sa tenue sexy et le fait qu’elle se soit déplacée chez lui un vendredi soir allaient l’amener à conclure qu’elle était ouverte.
Hélas… Xavier se montra excessivement charmant. Un véritable gentleman. Il écouta Julie avec attention. Lui fit part de son opinion. Il soutenait que nous formions un couple formidable et que chaque couple connaissait forcément des hauts et des bas mais qu’il n’avait aucun doute sur notre capacité à surmonter nos problèmes.
Julie passa une soirée plutôt agréable mais Xavier ne se montra à aucun moment entreprenant. Bien au contraire. Il était dès lors inutile de persévérer sur cette voie.
J’étais plutôt déçu de cette tentative sans succès. Et alors que j’essayais d’échafauder des plans pour une prochaine soirée, le destin, mais surtout le caractère de Julie, décidèrent de nous donner un coup de main.
Quelques semaines avant ce diner avec Xavier, elle m’avait raconté qu’un collègue et un bon ami à elle se comportait de plus en plus étrangement. Je connaissais cet ami de Julie. Nous l’appellerons Lucas. Je connaissais également sa copine, Maria. Nous nous retrouvions souvent ensemble lors de soirées et je les appréciais les deux. Pour moi, les deux étaient exclus des catégories de cibles potentielles pour nos jeux du fait des relations personnelles et professionnelles que nous entretenions.
Bien entendu, Julie les fréquentait plus souvent que moi. Etant souvent en déplacements, je n’avais que rarement l’occasion de me rendre aux différentes soirées et sorties en ville. Lors d’une de ces sorties entre amis, et alors que Maria n’était pas là, il lui avait avoué qu’il avait trompé sa copine au moins une dizaine de fois pendant les cinq ans de leur vie commune. Et il avait profité pour glisser pas mal d’insinuations plutôt directes sur son désir d’ajouter Julie à la liste. Julie l’avait gentiment rembarré, mettant cet excès de confidentialité sur le compte de l’alcool.
Une semaine après le diner chez Xavier, j’étais de nouveau en déplacement. Julie s’était rendue à une soirée entre amis et bien entendu Lucas y était aussi. Au cours de la soirée, Julie m’avait appelé deux fois pour me dire les bars qu’ils visitaient et histoire que je ne m’inquiète pas. Finalement, elle m’avait contactée aux alentours de cinq heures du matin pour me dire qu’elle était bien rentrée. Immédiatement mes signaux d’alertes s’étaient allumés. Les bars où elle avait été fermaient tous à deux heures du matin. Que s’était-il passé entre temps ? De plus, elle avait une voix que je trouvais « étrange » sans savoir l’expliquer. Une voix que j’avais déjà entendue au moins une fois dans ma vie.
Je décidais de ne pas la questionner me disant que si quelque chose s’était produit elle me le dirait bien d’elle-même.
Le lendemain, elle m’appelait à midi. Je travaillais sur un dossier et je ne décrochais pas. En général elle sait que je rappel dès que je peux après un appel en absence. Mais là, elle insista de nouveau immédiatement après l’appel manqué.
Mon radar fonctionnait encore. La veille, lorsqu’elle m’avait appelé, Lucas était dans notre appartement. Il avait demandé de monter sous un prétexte fallacieux et elle avait acceptée qu’il monte. Lorsqu’elle avait raccroché, ils avaient passés encore une heure ensemble. Une heure pendant laquelle ils s’étaient embrassés et avaient discutés. Mais elle avait refusée d’aller plus loin. Maria était son amie. Et elle n’allait pas coucher dans notre appartement alors que je n’étais pas là. Bien entendu Lucas avait insisté mais elle avait réussie à le mettre dehors pratiquement en le trainant. Lorsqu’il était finalement parti, elle est allée immédiatement se masturber au lit en pensant à lui.
Cette fois, il ne s’agissait pas de jeu mais d’une sorte d’accident de la vie. Julie sait de la liberté dont elle jouit dans notre relation et elle avait décidée de se laisser faire et d’en profiter. Mais ce coup-ci, il d’agissait d’un couple d’amis dont l’homme voulait coucher avec elle dans le dos de Maria. Elle n’avait pas pu l’accepter bien qu’elle m’avoua avoir longuement hésité. Julie passa la journée du lendemain à culpabiliser. Elle m’envoyait les textos de Lucas me disant qu’elle ne savait pas quoi lui répondre.
Julie n’avait pas envie de jouer avec Lucas. La situation l’avait excitée. L’idée de coucher avec lui également. Mais en imaginant les possibles conséquences, elle avait mis un grand coup de frein dicté par sa raison.
Je passais encore quelques jours en déplacement. Nous étions régulièrement au téléphone, et Julie ne répondait plus aux messages de Lucas. Elle l’évitait, y compris au bureau. De mon côté, j’étais absorbé par mon travail. Les dossiers en cours étaient trop importants pour me permettre de me disperser. Aimer son travail et le faire à fond est parfois un problème car à ce moment précis rien d’autre n’existe. Pas même la libido. Je soutenais Julie autant que je pouvais mais je restais concentré sur ce que j’avais à faire sans trop réfléchir à la situation.
Durant le vol du retour, la libido revint en flèche. Les dossiers étaient tous en bonne voie et je n’avais rien d’urgent à gérer. Au deuxième verre de vin blanc à plus de dix mille mètres d’altitude je ne pensais plus qu’au sexe et aux perspectives qu’ouvrait cette nouvelle situation. Une multitude de scénarios s’entrechoquaient dans ma tête. Mais à chaque fois je devais composer avec les réticences de Julie. Arrivé chez moi, j’avais déjà un plan bien précis dans ma tête.
Lucas n’en menait pas large. En cinq minutes, il n’avait pas encore osé me regarder dans les yeux. Il avait été très surpris de recevoir mon appel. Il n’avait tout simplement pas su comment réagir ni quoi dire. Il avait balbutié en acceptant le rendez-vous que je lui proposais. Et maintenant que nous étions face à face, j’avais l’impression que c’était pire. Ca finit par me mettre mal à l’aise à mon tour au point où je ne savais plus ce que je faisais là. Cette conversation je l’avais répété des dizaines de fois dans ma tête. Et subitement, plus aucun son ne sortait de ma bouche. Je devais fournir l’effort de me reprendre rapidement. Lucas n’allait pas diriger la discussion. C’était évident. Et plus je tarderai à lancer le sujet moins ça deviendrait évident de le faire. J’appliquais donc une méthode simple. Commencer par des phrases courtes qui n’appellent pas spécialement de commentaire.
- Je sais ce qui s’est passé avec Julie.
Lucas ne dit rien. Son regard qui jusque-là se contentait de fuir sagement le mien semblait à présent vouloir creuser le béton pour s’y réfugier.
- Ce n’est pas grave.
Il y eut un temps de latence avant que Lucas ne réagisse. Sa tête se souleva légèrement et son regard cessa ses travaux de forage.
- Je suis désolé. Excuses moi !
Sa voix était à peine audible. Mais au moins j’avais réussi à le faire parler du bon sujet.
- Je te dis que ce n’est pas grave. Je n’ai rien à te pardonner. Julie est une grande fille. Elle sait ce qu’elle fait.
La tête de Lucas se leva. Son regard croisa enfin le mien. Et une vraie discussion s’engagea. Même si par moments il me fuyait encore, parfois sans doute se demandant si je n’étais pas tout simplement en train de me moquer de lui, Lucas participait à la discussion. Il ne me quitta plus des yeux après que je lui ai dit :
- Bah écoutes. J’ai peut-être une idée à te proposer.
Julie était dans la phase où elle jurait ses grands dieux que ce garçon ne l’intéressait absolument pas. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi elle l’avait laissé monter, seul, à quatre heure du matin ni pourquoi elle avait passée plus d’une heure à s’embrasser avec lui. Sa franchise n’allait pas non plus au point d’expliquer les détails. A croire son explication, ils se seraient embrassés pendant une heure, dans notre salon, sans rien faire d’autre. Parler de temps en temps avait-elle finalement admis. Mais quand je lui demandais d’être plus explicite, c’est comme si ils avaient parlés de la pluie et du beau temps. Aucun détail. Rien. Elle les gardait pour elle. Et cette attitude finissait d’une façon ou d’une autre par m’inquiéter.
Dans la même situation, lorsque je suis Lucas, la fille qui est devant moi et que je dois convaincre encore un peu, je lui parle de tout. Excepté bien entendu d’absolument tout ce qui ne concerne pas le sexe. Et dans cent pour cent des cas où j’ai eu ma langue dans la bouche d’une demoiselle pour la première fois, y compris dans le cas de Julie, systématiquement elles ont parlés des mêmes sujets avec moi.
Oui, Julie refusait de me livrer les détails les plus croustillants. Ils étaient pour elle et pour Lucas. Et lorsque j’essayais de le lui faire remarquer, elle se recroquevillait instantanément en position défensive, devenant même par moments agressive. Je décidais de lui laisser de l’espace et trouver un moment plus opportun pour avoir une réelle discussion avec elle.
Et lorsque le moment se présenta, comme d’habitude, c’était encore à moi d’amener la conversation. Je devais faire de longs raisonnements, lui poser de nombreuses questions pour petit à petit l’amener à conclure d’elle-même ce qu’elle refusait de s’avouer.
Elle finit par me dire :
- Oui, j’ai envie de me taper Lucas! Mais c’est juste impossible.
Comme d’habitude, l’aveu provoqua chez moi une érection d’une intensité rare et sans trop perdre de temps je l’en fis profiter. Pourtant, après l’action, j’étais forcé d’admettre que la situation posait pas mal de problème. Ils allaient tous contre les règles que je m’étais fixé. L’idée de repousser les limites, de prendre des risques, a des effets terriblement positifs sur la libido. Toutefois, la raison revient vite à la charge. En tout cas chez moi. Un système d’alarmes très complexe et sophistiqué, reposant essentiellement sur l’expérience, se met automatiquement en marche et m’indique tous les écueils à venir.
Lorsqu’une fille me plait, j’ai envie d’elle instantanément. Que l’histoire aille plus loin où s’arrête au simple stade de la contemplation admirative, cette fille disparaît aussi rapidement de mon esprit qu’elle y est entrée. Depuis que je connais Julie, une seule fille a réussie à rester dans ma tête plus de quarante-huit heures. Et cela m’avait inquiété. Chaque fille, chaque femme que je croise, je la fais systématiquement passer par une évaluation extrêmement pointue du désir sexuel qu’elle suscite chez moi. L’évaluation dure rarement plus d’une fraction de seconde. Et à partir de là, mon monde féminin se divise en deux catégories : celles que j’ai envie de baiser et les autres.
Chez Julie le fonctionnement est différent. Elle fait également passer un test similaire mais la question qu’elle se pose est différente. Est-ce que je lui plais ou non ? Voilà la question que Julie se pose. Et Julie a envie de plaire. Pour que Julie parvienne à la conclusion qu’elle se taperait bien untel, c’est qu’elle a laissée mûrir la situation. Rarement des jours, parfois des semaines, la plupart du temps des mois voire des années.
Voilà ce qui m’inquiète le plus chez Julie. La rencontre sexuelle chez elle est précédée de tout un processus psychologique que je suis incapable d’appréhender. C’est surtout les conséquences après la rencontre qui sont totalement imprévisibles pour moi. Puisque Julie laisse mûrir les situations aussi longtemps, la rencontre sexuelle n’est que l’explosion d’une frustration longtemps maîtrisée. Une frustration qui sublime la première rencontre et qui la transforme en début de quelque chose de neuf et jamais en finalité.
Prendre la décision de continuer à jouer dans ces circonstances c’est clairement faire le choix d’une prise de risque non maîtrisé, jamais sous contrôle, bref tout ce que je ne supporte pas. Et pourtant…
Ce samedi-là, sans l’avertir, j’avais réservé une après-midi de soins complets pour Julie dans un de ces centres de bien être qui ont fleuris un peu partout. Je n’aime pas ces endroits mais puisque Julie adore qu’on s’occupe d’elle, j’avais accepté de me laisser masser, gommer et que sais-je encore. En sortant du centre, et après un bref passage à la maison où je lui avais fortement suggéré d’enfiler une tenue ultra chic et ultra sexy, elle commença sérieusement à se douter que finalement je mijotais quelque chose de bien précis. Durant le diner au restaurant, elle parvint uniquement à me faire admettre qu’on était en train de vivre la première « journée de Julie ».
- Est-ce que tu te sens d’être dans les bras d’un autre cette nuit ?
- Ca dépend. Quel autre ?
- Ce n’est pas ma question. Est-ce que dans l’absolu tu te sens d’être dans les bras d’un autre ?
- Oui. Pourquoi pas. Je me sens de tout ce soir.
La deuxième bouteille de champagne avait finalement eu l’effet escompté. Julie faisait tout pour savoir ce que j’avais planifié pour la suite. Mais je refusais de lui en dire plus. Elle essaya de savoir si je comptais l’emmener en boite ? Voir même en club libertin ? De mon côté, je jouais sur chacune de ses propositions pour essayer de faire monter son désir. A chacune de ses propositions, je lui demandais de me décrire ce qui lui plairait si en effet on allait en boite de nuit ou en club libertin. La discussion était souvent interrompue par le va et vient incessant des serveurs ou la proximité des voisins de tables. Julie jouait le jeu. Même lorsque je lui demandais de me décrire l’éventuel heureux élu. Qui hélas ne correspondait que fort peu au réel.
En quittant le restaurant, Julie était d’humeur resplendissante. Je la sentais plus ouverte que jamais à l’idée de jouer. Et cela me donnait des frissons. La surprise sur son visage lorsqu’elle comprit que je me garais réellement en bas de chez nous me fit vraiment rire. En arrivant dans l’appartement, je la dirigeais vers le salon. Alors que je m’apprêtais à déboucher une autre bouteille de champagne, elle me demande depuis le canapé :
- Finalement c’est une soirée en tête à tête que tu as prévu ?
- Pourquoi ? Tu es déçue ?
- Bien sûr que non ! C’est un très bon scénario. Et tu m’as bien fait marcher.
Je sentais néanmoins un peu de déception dans sa voix et son attitude. Depuis deux heures elle se préparait mentalement à la possibilité d’une nouvelle rencontre, d’un jeu que j’avais longuement préparé, pour finalement se retrouver en tête à tête avec moi. Je lui tendis sa coupe de champagne et la fit se lever pour trinquer. Puis après la première gorgée, je pris sa place sur le canapé.
- Tu veux bien enlever ta robe pour moi ?
Elle me fit un clin d’œil avant de se dépêcher de la retirer.
- Non. Plus lentement !
- Vos désirs sont des ordres monsieur.
Elle prit son temps pour la retirer simulant une sorte de danse de strip tease burlesque et éclatant franchement de rire lorsqu’elle se retrouva à se débattre avec la fermeture éclair. Finalement, elle se retrouva debout, seins nu, en bas et escarpins devant moi et ma coupe de champagne.
- Tournes toi. Puis retire doucement ce string inutile en te penchant bien en avant.
Elle s’exécuta et je commençais à avoir un vrai début d’érection.
- Allonges toi sur le canapé et écartes te jambes.
Sans un baiser, sans une caresse, je m’agenouillais devant elle et entrepris directement de lui lécher le minou. Sans précipitation, je fis jouer ma langue et ma bouche sur son sexe. Et lorsque finalement elle laissa échapper les premiers signes de plaisir, que son ventre se mit à onduler et que sa respiration se fit plus saccadée, je me permis d’utiliser mes doigts. Aucune pénétration. Juste une caresse en surface accompagnant ma langue. Exaspérée, elle se mit à coups de reins à rechercher ce que je lui refusais : mon doigt. Sans arrêter de la lécher, je tendis le doigt à l’entrée de sa chatte et cessais de bouger la main. Petit à petit elle vint l’avaler avec son sexe tout en tournant autour. Lorsque finalement le doigt disparut entièrement en elle, je repris l’initiative. Ma langue la caressait à l'extérieur, mes doigts à l'intérieur et rapidement ses soupirs ressemblaient de plus en plus à des cris. Puis brusquement, sentant qu’elle n’allait pas tarder à jouir, je me retirais.
- Pourquoi ?
Dans un état d’absolue frustration c’est tout ce qu’elle fut capable de murmurer.
- Tu veux jouer ?
- Bah oui, bien sûr que je veux jouer. Mais là t’es pas gentil du tout de me faire ça.
- Comprends-moi bien. Est-ce que tu veux continuer à jouer le jeu spécial, celui de la journée de Julie.
Je lus la surprise sur son visage mais très vite elle me répondit :
- Oui. Oui. Je veux jouer n’importe quels jeux que tu voudras. Mais ne t’arrêtes pas comme ça.
- Tu respecteras mes règles du jeu et tu ne me posera aucune question ?
- Oui, promis !
- Alors lèves toi.
Elle m’obéit en rechignant. Pendant ce temps, je manipulais son téléphone. En lui tendant je lui dis :
- Règle numéro 1 : jusqu’à ce que l’alarme sonne, dans précisément une heure, tu n’as pas le droit de retirer ni tes escarpins ni tes bas.
- Je n’ai aucune envie de le faire, me dit-elle en se saisissant de l’appareil.
- Très bien. Règle numéro 2 : jusqu’à ce que l’alarme sonne, tu n’as pas le droit de rajouter le moindre vêtement sur toi.
- Ca non plus je n’ai pas envie de le faire.
- Formidable. Règle numéro 3 et dernière règle, pour le moment : tu vas aller dans notre chambre, tu vas fermer la porte derrière toi, et jusqu’à ce que l’alarme sonne, tu n’as pas le droit d’en sortir.
Elle semblait perplexe et perdue.
- Et toi tu fais quoi ? Tu te branles dans le salon ?
- Aucune question. Juste respecte ces trois règles.
Je l’embrassais tendrement puis la poussais vers la porte de notre chambre. Elle se résigna à y aller et je ne perdis à aucun moment de vue ses longues jambes et ses fesses. J’avais une trique d’enfer. Alors qu’elle s’enfonçait dans la pénombre de la chambre et qu’elle fermait la porte derrière elle, j’avais l’impression de vivre la scène au ralenti. Une envie incroyable de la prendre violemment et dans toutes les positions possibles me déchirait les entrailles. Mais j’avais décidé que ce droit n’allait pas m’appartenir pendant au moins la prochaine heure.