La soumise est-elle mon objet ? Qui domine réellement ? Suis-je encore son homme, son maître, si je me délecte de la jouissance d'un autre sur son corps ?
Qu'en pensent les philosophes ?
Pour Hegel, la dialectique sujet/objet est un vaste sujet, sans jeu de mots. Ne suis-je que l'objet de l'autre dans le rapport sexuel ? C'est une question que beaucoup de femmes se posent : "m'aime-t-il ou pas ? Ne suis-je qu'un trou pour lui ? Qu'une salope ?". Pour Hegel, me semble-t-il, il faut penser le rapport sujet/objet d'un point de vu dynamique (en oubliant volontairement la synthèse). Il oscille dans le temps. Il n'y a pas de point fixe, mais des aller-retour comme une queue dans un vagin.
La queue pénètre et donc possède le vagin, mais le vagin l'aspire, et l'avale. Par cette action, le vagin dépossède la queue de sa pénétration. Et ce, dans un aller et retour, sans fin, ou presque, puisque selon Bataille, la jouissance est une "exquise petite mort"...
Peut-être qu'une dissymétrie se trouve dans la jouissance. Un peu comme le vagin est un gouffre sans fin dont l'homme ne perçoit jamais la profondeur. La jouissance de la femme reste un mystère pour lui. A-t-elle joui ? Peut-il en être sûr ? Est-ce une "mort pour elle". Pour l'homme, c'est souvent le cas. Le désir s'écroule. Pour les "femmes libérées", rarement, c'est même souvent un nouveau départ...

La capacité orgasmique des femmes serait donc la clé de leur souveraineté ? Je pense que c'est la raison principale pour laquelle le maître ne jouit pas quand il s'occupe de sa soumise. Complicea3, me propose donc de jouir dans
PCS, une fois qu'elle aurait repris les rênes :
celle de poser sa langue sur ce trou béant... pour mêler à son tour sa semence à celle de votre amant éphémère
La naissance de l'esclave est-elle la mort du maître ? A priori, il semble que le maître domine, au sens où sa conscience nie celle de l'esclave. Dans un premier temps, seulement, car rapidement, le statut de maître est conféré par la subjectivité de l'esclave. Par sa soumission, l'esclave reconnaît la domination de son maître. Cette soumission est le produit de la conscience active de l'esclave. Il devient progressivement acteur de la relation. Il acquiert ainsi son autonomie, essence de sa conscience, de sa subjectivité, ou si vous préférez de sa liberté, dont va dépendre son maître. Ainsi, le maître devient progressivement esclave et l'esclave devient maître.
Objectivé l'esclave rend impossible cette reconnaissance subjective. L'esclave ne peut donc être l'objet du désir de son maître. Le maître est dépendant du désir de son esclave au même titre que l'esclave est dépendant du désir de son maître. Mais, pour obtenir cette reconnaissance, le maître doit se plier au désir de son esclave, et par ce biais, l'esclave se libère, en affirmant sa conscience de soi.
La dialectique maître/esclave finit par être dépassée, par l'annulation des situations de maître et d'esclave, dans la mesure où chacun a sa reconnaissance de l'autre.
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Connaissez-vous la célèbre citation de Lacan : "Il n'y a pas de rapport sexuel" ? Une mauvaise interprétation de cette phrase serait de croire qu'il n'y a pas de sujet dans un rapport sexuel. Que la la relation à l'autre est un rapport assujettissement. Le rapport ne serait qu'une confrontation narcissique, rejetant la subjectivité de l'autre.
On peut aussi penser le mot "rapport" dans un sens plus mathématique. Le rapport de deux variables x et y est la relation qui les lie. Par exemple, si j'écris y=2x ou x=y/2, x et y sont dans une relation dynamique. Il n'y a pas une variable plus objectivée que l'autre. Et Lacan là-dedans ? Pour Lacan, y=2x s'écrit aussi y-2x=0. La relation qui lie x à y, est donc fermée, complète. Il n'y a donc plus rien à désirer. Ce qui est absurde, puisque le rapport sexuel est mû par le désir. Donc, l'homme n'est pas le y de la femme, et la femme n'est pas le x de l'homme. Il n'y a pas de "rapport sexuel" en ce sens.
Il n'y a donc pas de rapport, pas de dualité. Pour les existentialistes (Sartre influencera beaucoup la philosophie lacanienne), le "je" qui pense le "je", est le néant, l'essence même de la liberté. En fait, le "je" qui affirme sa gourmandise n'est pas gourmand dans la mesure où 'il peut décider de mettre le "je" gourmand au régime. Il est libre au sens absolu de la liberté. Il échappe donc à toutes définitions, le sujet authentique est donc "néant". Il est, et rien d'autre. C'est ce "je" qu'on rencontre dans l'acte sexuel. C'est vers ce néant (cette "mort") que nous mène le désir. Cet espace dialectique de l'être et du néant n'est pas un espace d'objectivation de l'autre. L'acte sexuel est un rapport avec soi-même, mais pas au sens de la négation de l'autre, au contraire, l'autre vous renvoie à vous même. Dans l'acte sexuel, le sujet est tension et scission permanente avec lui-même. Par conséquent, l'acte sexuel ne comble pas le désir (heureusement !), il vous rapproche de vous même. Il est une quête de soi. Le désir étant le chemin menant à soi.
Tout ça pour vous dire que devant un tel abîme de liberté, j'ai hâte ou peur de confier les rênes à ma
PCS.
