- 13 oct. 2011, 10:20
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Sans doute ne vais-je répondre qu’imparfaitement à vos questions, si nombreuses. Sans doute aussi, ce post va-t-il paraître à certains un peu long. J’ai pioché dans les souvenirs, les échanges passés et le présent si brûlant la matière d’une première réponse. Résume-t-on une tempête en quelques jets d’encre ? Il me faudrait, au-delà des grands traits de notre histoire, entrer aussi dans le quotidien. Une autre fois, peut-être...
Chacun de nous est régi par les dogmes qui lui sont soufflés, dès l’enfance : par ses parents, les institutions, les codes de la vie sociale, les règles de la bienséance. S’extraire de ce conditionnement pour se construire personnellement réclame du courage et, souvent, de frayer seul à travers la foule.
À ces règles s’ajoutent, pour les femmes, celles, non moins étouffantes, de la morale sexuelle. Je n’ai pas échappé à cela : enfance dans une petite ville de province, vie familiale étriquée, encouragements permanents à entrer dans le rang, à ne pas se distinguer, à être « comme il faut ». La chair s’est inclinée suivant le même poids imprimé à l’esprit : repli sur soi, corps jugé en disgrâce, plaisir étouffé. Non que je n’ai pas eu, plus tard, de vie amoureuse épanouie, mais son véritable potentiel m’était étranger. Me débarrasser de ces « habits » a pris du temps.
Jusqu’à la rencontre avec mon mari, et malgré quelques belles aventures amoureuses antérieures, je n’aimais pas spécialement mon corps. L’amour de mon mari pour moi, sa propre faculté à se libérer du rôle social que l’on réserve ordinairement aux hommes (force, ambition, pouvoir…) pour s’en remettre sans aucun réflexe de défense au désir que je lui inspirai m’ont libérée, de l’intérieur. Et ont littéralement « exhumé » ma beauté. Par beauté, je veux dire une sorte de rayonnement devant lequel tout devenait possible : érotisation du quotidien, fascination grandissante de mon mari à mon égard, extension du champ amoureux hors des gestes et des pratiques considérées comme décentes.
Le projet amoureux que nous avons construit, sur un fil ténu d'abord, n'a cessé de croître depuis plus de 15 ans. L'intelligence, la confiance que je trouvais en lui se sont avérées des signes suffisants pour que nous nous livrions l'un à l'autre dans nos gouffres. Et nous engagions à libérer notre amour des conventions afin d'en exhumer la partie gigantesque, inconnue. Il m'a fait accéder à un état "supérieur" qui me rend littéralement rayonnante. Plus j'aime, plus j'ai envie d'aimer et plus je suis aimée. Autour de notre relation de couple, je suis passée d'un amant à deux, puis trois, puis dix...
Une seconde étape, toute aussi longue, consista à me libérer d’un statut de femme d’intérieur derrière lequel je m’étais confortablement réfugié. Ce n’était pas assez de m’affranchir de mon corps, il fallait que je franchisse le seuil de mon chez moi : l’amour était aussi dehors, il ne demandait qu’à s’offrir et à m’épanouir. Accepter cela demanda beaucoup d’échanges. Mon mari m’y aida encore une fois. Je lui en rends grâce parce qu’il reçut souvent de ma part de l’incompréhension et, pire parfois, mon jugement : s’il m’aimait, comment pouvait-il concevoir que je goûte l’amour « ailleurs » ? Je me battais contre des mensonges auxquels j’avais fini par croire : un homme, une vie, une maison, une famille.
Aujourd’hui, libre de plaire, je plais réellement. Je goûte mes amants sans culpabilité. Et je prends leur désir pour ce qu’il est : une possibilité de communion amoureuse qui enrichit ma vie, me rend meilleure, plus belle et aussi plus amoureuse au sein de mon couple. J’aime, je suis aimé et je rends cet amour au centuple à ceux qui m’entourent. De cela, chacun profite « sans compter »: on n’aime bien que plusieurs fois.
Pour entrer d’avantage dans le réel de notre vie, je dirai que le désir de mon mari pour moi est la matière infinie que je "travaille" et dont je tire des ressources de vie non seulement au niveau de notre couple, mais aussi sur le plan personnel !
J’ai découvert progressivement qu’en l’excitant et en le privant en même temps de moi, il développait des comportements d’attention, de docilité, de tolérance et d'adoration accrus. Je devenais son unique fantasme.
C’est un cercle vertueux : il me suffit d’accroître simultanément l’excitation et la privation pour que son inféodation et sa fascination grandissent !
Lorsque j’ai pris conscience de ce pouvoir, mon horizon de femme s’est littéralement ouvert devant moi. Tout à coup, j’obtenais non seulement l’amour illimité de mon mari, mais en même temps une liberté d’action sans mesure. Je peux même dire aujourd’hui que j’ai poussé cela si loin qu'il en a perdu tout libre-arbitre et jusqu’au souci de sa propre individualité. Chacun de ses actes est tourné vers un seul but : satisfaire mon bonheur. Mes plaisirs sont les siens et ce qui est bon pour moi est bon pour lui !
Plus concrètement, j’ai commencé par réduire progressivement nos relations sexuelles : depuis 5 ans, une fois par mois environ, mais en réalité cela dépend de mes rendez-vous extérieurs. J’assigne à mon mari le rôle d’un amant de substitution, à disposition lorsque mes amants ne le sont pas. Et quand je l’autorise à me faire l’amour, il doit se consacrer entièrement à mon plaisir, comme un amant. J'ai pris récemment la décision de le priver totalement de moi (je reviendrai sur un post à part sur les conditions de cet acte), mais c’est plus une emprise psychologique je l’avoue. J’ai besoin de sa queue parfois et lorsque nous baisons, je prétexte une envie subite ou une absence de mes amants.
C'est pareil pour les éjaculations, mais je prends soi de le vider tous les 10 jours environ. Parfois moins, parfois plus. Le temps de cette abstinence, je l’excite autant que possible (le plus souvent en le suçant), condition pour que mes
écarts de conduite ne génèrent aucun doute ou résistance de sa part. Ces éjaculations sont terminées à la main, comme une traite, de manière à ce qu’il ne puisse l’apparenter à une pratique sexuelle qu’il aurait avec moi. Un truc que je pratique parfois, pour le « punir », c'est le déni d’orgasme. Je fais venir les premières convulsions, puis je coupe brutalement : le sperme sort (un peu), mais sans qu’il en éprouve aucun plaisir. Sa tension retombe assez pour être supportable, mais pas suffisamment pour l’extraire de la brûlure du désir.
Je veille également à ce qu’il ne puisse se masturber. Quand je sors avec un amant, je lui fais porter une cage de chasteté. S’il est seul à la maison, je lui fais aussi porter la cage. Toute possibilité de se soulager en mon absence lui est ainsi impossible.
Les carences sexuelles que je lui impose n’altèrent en rien son comportement de mari ou d’amant, au contraire. Les faits parlent pour moi et sous l’emprise de sa nouvelle existence (identité devrai-je dire même), rarement il n’a l’occasion de se plaindre ou d’être un mauvais mari ou un mauvais amant.
Que cela soit clair, la privation dans laquelle je maintiens mon chéri n’exprime pas un éloignement de ma part mais plutôt la volonté de le « mouler » psychologiquement à mes seuls désirs. Comme cela marche au-delà de ce que je pouvais imaginer, il n’est pas pour moi de plus grand plaisir que de lui en faire, permettez-moi le terme, baver. Et pour cause : le priver de moi accentue son désir et son incapacité à me résister sans que sa psyché n’est à souffrir outre mesure des libertés, de plus en plus grandes, que je prends. Il vit quotidiennement dans cette famine de moi. Sa vie se « réduit» à me désirer, à m’attendre quand je sors, à tout faire pour me mériter, et je n’aime rien tant que de le savoir dans cette tension érotique permanente pendant je m’ébats joyeusement d'un lit à l'autre.
Pourrait-il s’en réveiller ? Je ne le pense pas. La dépendance dans laquelle je le plonge est comme un acquis, et chaque stimulation que j’y ajoute ne fait que la faire grandir, sans "retour" possible de sa part : c’est une spirale infinie. Il me faut simplement veiller, et vous avez parfaitement raison d’insister sur ce point, à ce que cette chaîne ne soit pas rompue. Et que les témoignages d’amour à son égard demeurent intacts. Il se trouve qu’ils le sont, ce qui tend à prouver que l’amour ne perd rien à rayonner vers plusieurs partenaires, contrairement à ce que l’on aurait tendance à nous faire croire depuis le berceau.
Aujourd’hui, ma vie est ainsi faite qu’il n’y a plus aucune restriction à mon épanouissement : je sors et couche avec qui je veux, aussi souvent que je veux, tout le temps que je veux.
Le sentiment de culpabilité n’existe plus pour moi : rien de ce que je fais n’est mal. Par exemple, si je veux faire une chose qui peut faire souffrir mon mari, mais que je considère cette chose bonne pour moi, j’accrois sa dépendance sexuelle envers moi afin que cette chose devienne bonne pour lui. Mieux encore, la notion de moralité ou d’amoralité dans ma vie quotidienne ou sexuelle est laissée à ma seule appréciation : je suis libre de dire ou de faire ce que je veux dans la mesure ou j'ai décrété que l’acte en question ne porte pas atteinte à notre amour. Ainsi, j’ai toujours raison, même lorsque j’ai tort !
Dans ce cadre, ma façon de parler à mon mari est un des outils dont je me sers pour accroître cette « distance vertueuse » entre nous et augmenter mon influence érotique sur lui. Je le traite de « cocu » aussi souvent que possible, manière de lui rappeler son seul statut à mes yeux. Cette pression est importante pour éviter tout flottement mental chez lui : l’homme voué a besoin de son piquet !
De la même façon, j’exige, je vampe, j’humilie, je provoque, j’ordonne, je gifle même parfois. Mais l’alternance est une excellente stratégie et une dureté calme est parfois le meilleur atout. Ma façon de procéder va de la moquerie douce à l’ordre le plus ferme, mais aussi de l’humiliation à la menace. Le dernier degré, pour moi, consistant à jouer avec sa terreur que je le quitte. Une arme infaillible… mais que je réserve aux cas exceptionnels, lorsque je dois lui faire accepter quelque chose de très éprouvant : une sortie ou un voyage de plusieurs jours avec un amant, une relation d'ordre amoureux avec un autre homme, des rapports sans préservatifs…
Cela me permet de m’exonérer, aussi, d’une (bonne) partie des taches ménagères. Globalement, il sait qu’il doit prendre en charge tout ce qui peut adoucir ma vie quotidienne et faciliter mes libertés sexuelles à l’extérieur de la maison. Ainsi, la boucle est bouclée.
Cet amour hors norme, c’est notre projet de vie. Nous traversons un quotidien érotisé et tout ce que nous vivons s’en trouve intensifié : son amour pour moi, mon amour pour lui, mes relations avec mes amants, et même la vie quotidienne qui est tout… sauf quotidienne ! Ainsi, la singularité de notre relation rayonne sur tous les aspects de notre vie, bien au-delà du sexe.
Hors (entre ?) les lignes intenses de cette relation hors norme, mon mari et moi vivons une vie amoureuse qui est aussi faite de tendresse, de partage, de romance et des gestes de tous les amoureux du monde. Ces moments sont l’autre versant de notre histoire et rien, de l'extérieur, ne permet de nous distinguer de n’importe quel autre couple. Je dirai même que ces expressions amoureuses n’ont pas subi l’érosion du temps, à l’inverse de ce qui se passe souvent. Et que me lover dans les bras de mon mari en regardant un bon film m’est aussi essentiel que sa soumission sans condition à mes caprices. Elles résonnent comme un havre de paix au milieu de la tempête sexuelle de notre relation. Mieux même, je ne dissocie pas une expression amoureuse d’une autre : extrême tendresse ou extrême perversité, chacune est la manifestation de l’amour fou qui nous unit. La relation qui m’unit à mon mari, je l’ai dit, est centrale, essentielle. Je l’aime autant qu’il m’aime, et si nous ne l’exprimons pas de la même manière (lui en s’accordant à mes envies d’ailleurs, moi en ne le partageant pas), nous avons notre propre symbiose sexuelle. Le plaisir charnel que j’éprouve avec lui est intact et d’autant plus fort qu’il est rare. Nos relations tiennent de la communion instantanée. Elles ont leur propre singularité... comme celle que j’entretiens avec chacun de mes amants ont la leur !
Parmi ces singularités, l’amour a sa place : je me définis comme une poly-amoureuse. C’est-à-dire que je ne m’interdis pas d’éprouver des sentiments d’ordre amoureux pour mes amants, si ces sentiments viennent. C’est un mythe de croire qu’aimer plusieurs personnes diviserait l’amour. Mais je fais une hiérarchie. La relation avec mon mari est centrale, les autres sont des amours satellites qui tournent autour de cet axe.
Lorsque, dans le temps, ma relation avec un homme fait apparaître des sentiments d’ordre amoureux, mon mari en est le premier informé. Même si, je l’avoue, ce pincement au cœur si caractéristique de l'émotion amoureuse n’est pas aisé à traduire et que je crois que tout être a une propension naturelle à en faire son jardin secret. De surcroît, je ne dis pas tout, il n’y a pas d’obligation : je suis reine auprès des hommes et une part intime de ce que je vis m’appartient.
Ai-je été souvent amoureuse ? Une dizaine de fois sur la centaine d’amants que j’ai connu au fil des ans. Tenté d’en suivre un autre oui, une fois… mais de quitter mon mari, fondamentalement, non. Était-ce parce que je sentais déjà chez lui cette capacité à tout accepter de ma part, comme si, finalement, je n’aurais jamais à choisir entre mon mari et mes amants ? Peut-être, mais pas seulement. Le fait est surtout que nous avons converti nos convictions en actes et que notre vie de couple a permis cette jonction. Contrairement aux modèles auxquels la société veut nous faire croire, j’ai cette chance de ne pas à faire le deuil d’un amour pour en vivre un autre. La richesse de ma vie tient dans cette accumulation d’amours différents et vécus conjointement sans qu’aucun ne porte ombrage à l’autre. Est-ce que je me sens pour autant à l’abri définitif d’un accident ? Non, bien sûr.
Mais qui l’est vraiment ?
Ces amours, je les vis librement, devant mon mari parfois, comme en pleine rue ou à la terrasse d’un café. Il m’est même arrivée de croiser un amant en étant au bras d'un autre (situation étrange, le « cocu » n’étant pas toujours, à la lumière de leur regard, celui que l’on croit). À l’inverse, je veille à maintenir une cloison étanche entre cette face de ma vie et mon entourage proche, peu compréhensif sur ces choses-là. Enfin, lorsque je rencontre un de mes « chéris » en présence de mon mari, ce qui est somme toute assez exceptionnel, je n’éprouve aucune gêne à exprimer mes sentiments envers mon amant, par les mots, les gestes, les baisers. Dans ce cas-là, il est même bon que je fasse fi de la présence de mon mari afin d’être totalement naturelle avec mon amant et c’est plutôt pour ce dernier que je me montre démonstrative, au détriment de mon mari cette fois.
Ce pouvoir dont je semble être si sûre ne tire partie d’aucune vanité en moi mais d’une lecture, par les faits, de ce qui semble faire Loi : l’impuissance masculine devant la dimension sexuelle des femmes.
Je crois avoir fait de mon mari à peu près tout ce que l’on peut faire d’un homme. Au point de le soustraire à toute autre réalité que celle de me satisfaire et de me désirer. Il n’est qu’un bloc de fascination pure tendue vers moi seule. Il reconnaît lui-même que sa soumission a fini, au fil des ans, par le définir : il est cela et rien d’autre.
Sans doute pourrais-je aller plus loin encore si je le voulais. Parfois, quand je le vois dans cette idolâtrie malgré tout ce que je lui fais subir, ou quand je passe des nuits folles dans le lit d’un autre, ma perversité m’effraie : ce n’est pas que je ne vois plus de limite à mon pouvoir, c’est que mon pouvoir n’a, réellement, pas de limite. Pouvoir à son gré « piétiner » ce que l’on a de plus cher est un aphrodisiaque puissant.
De tout cela et pour tout cela, j’éprouve de la griserie. La griserie infinie d’être dépositaire d’un tel ascendant.
Cela dépasse la seule expérience de la domination : j’en éprouve un sentiment de liberté très haut qui me permet, entre autres choses, de vivre une vie affranchie du jugement des autres, du poids de l’éducation et des rôles dévolus à chaque sexe.
Concrètement, cela m’excite beaucoup aussi. Faire d’un homme à peu près tout ce que l’on veut et voir, malgré tout ce que je lui fais endurer, ses yeux morts d’amour pour moi est terriblement énergisant. Je me sens envahie d’une joie perverse. Et de ce sentiment de puissance, très grisant, de bousculer « l’ordre » du monde.
Bataille ne disait-il pas à ce sujet que ce qui est en jeu dans l’érotisme, c’est toujours une dissolution des formes constituées ?